D'ici la fin du mandat en cours, la Ville de Chartres va ajouter 1 000 arbres aux 11 000 déjà présents sur territoire. Le maire, Jean-Pierre Gorges, nous dit dans quel esprit.
Votre Ville : Pourquoi 1 000 arbres ?
Jean-Pierre Gorges : C'est un nombre qui parle mais qui ne doit pas masquer la réalité : notre municipalité a toujours augmenté le nombre d'arbres dans la ville.
Depuis 2001, nous en avons ajouté 3 000 aux 8 000 existants alors. Chaque programme d'aménagement ou de requalification urbaine intègre une composante paysagère végétale. Quand nous exigeons qu'un parking souterrain soit creusé sous chaque nouvel immeuble, c'est autant d'espace disponible en surface pour des espaces verts. Ceux-ci à Chartres sont quatre fois plus étendus que la ville médiévale qui a fait notre réputation. Il s'agit de donner au végétal sa juste place.
1 000 arbres de plus en 6 ans, c'est la poursuite de notre rythme normal de plantation.
VV : Que pensez-vous du débat très médiatisé sur la biodiversité en ville ?
JPG : C'est un débat qui fait écho aux problèmes dramatiques de la région parisienne et des métropoles. Nous, nous ne sommes pas dans l'idéologie.
L'arbre dans la ville a d'abord ici un rôle d'agrément. Et de même que le fleurissement a évolué, ce qui a valu à Chartres de décrocher la 4e Fleur dès 2002, de même le choix des essences prend désormais en compte l'absence obligée de produits phytosanitaires, la nécessité d'économiser l'eau d'arrosage, mais aussi les impératifs de l'aménagement urbain.
Rappelez-vous la fausse querelle de la place du Cygne, quand certains ont voulu faire de la politique lorsque nous avons remplacé les arbres qui étaient soit en fin de vie, soit devenus nuisibles quand leurs racines détruisaient les réseaux souterrains et crevaient le plafond des caves des habitants. Aujourd'hui que les arbres ont poussé, qui en parle ?
La ville n'est pas et ne sera jamais la campagne, d'ailleurs toute proche ici. L'arbre dans la ville a donc une durée de vie variable mais limitée, selon son emplacement, son évolution naturelle, etc. Cela ne nous empêche en rien de protéger les arbres les plus remarquables quand nous acquérons des terrains où ils se trouvent, comme l'immense séquoia sur le site de l'hôtel de l'Étape-au-Vin.
À l'inverse j'ai fait couper quelques arbres à la Madeleine il y a quelques années quand leur feuillage privait les appartements voisins de lumière six mois par an. C'est du bon sens et surtout le souci de prendre en compte toutes les dimensions de la vie de la Ville et de ses habitants, dont l'arbre n'est qu'un élément.
VV : Vous présentez le nouveau parc du Verger, situé à Rechèvres, comme exemplaire de votre démarche. Comment ?
JPG : D'abord parce que ce doit être un espace libre, accueillant, une prairie fleurie que chacun peut parcourir à sa guise. Fini le temps des gazons interdits aux enfants, et aux autres, animaux compris. Ensuite parce que les plaisirs de la nature ne sont pas seulement contemplatifs, mais aussi utiles, voire gourmands, d'où l'idée des arbres fruitiers, et pas simplement à cet endroit. Même en ville un jardin n'est pas qu'ornemental et une bonne part des 1 000 arbres que nous allons planter dans les années qui viennent porteront des fruits. Je crois, j'espère que les Chartrains apprécieront.
