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Cloître Notre-Dame : les avancées d’un projet global

Vue aérienne du cloître Notre-Dame avec la cathédrale au centreInterview et portrait

05 décembre 2022

Les travaux d'aménagement des voies du pourtour de la cathédrale commenceront en 2023. Mais il s'agit là seulement de la première étape visible d'un projet plus vaste qui concerne le cloître Notre-Dame, le cœur précieux du cœur de ville de Chartres. Jean-Pierre Gorges en explique l'enjeu global et les avancées.


Votre Ville : Comment regardez-vous les travaux du pourtour de la cathédrale qui vont commencer ?

Jean-Pierre Gorges : Pour parler simplement, c'est la fin du bitume. Toutes les rues et les espaces de circulation autour de la cathédrale vont être réaménagés, dans l'esprit de ce que nous avons déjà fait dans de nombreuses rues du centre-ville historique.

Vous savez que nous avons élargi le secteur sauvegardé à l'ensemble de la ville historique circonscrite à l'intérieur des boulevards. Ici, nous abordons un secteur encore plus important, celui du Cloître Notre-Dame, c'est-à-dire l'ensemble des bâtiments et des rues qui bordent immédiatement l'édifice emblématique de Chartres. Nous avons donc le devoir d'y être encore plus exigeants que dans le reste du secteur sauvegardé. Cet aménagement sera le plus épuré possible.

La Ville de Chartres va investir 6 millions d'euros sur 2 ans pour ces travaux, qui comprendront non seulement le pavage des espaces dont je viens de parler, mais aussi la mise à niveau des divers réseaux souterrains, de l'électricité et de l'eau jusqu'à la fibre. Nous avons présenté aux riverains concernés tous ces travaux et leur programmation lors d'une réunion en octobre dernier.

Le cloître Notre-Dame était au Moyen Âge un quartier à part, une ville dans la Ville. Elle vivait entre ses 9 portes, fermées la nuit, dont nous avons matérialisé l'emplacement par des lettres dorées il y a quelques années.

Les travaux d'aménagement que nous lançons ne constituent donc qu'une première étape d'un projet beaucoup plus vaste, qui englobe tous les bâtiments et les rues autour de la cathédrale.

Palais épiscopal et ancienne école Gérard-Philipe

VV : Pouvons-nous faire ensemble le « tour du propriétaire » ?

JPG : Commençons par le palais épiscopal, aujourd'hui musée des Beaux-Arts. Le bâtiment appartenait au Conseil départemental, ses collections à la Ville. Le Département nous l'a cédé, à notre demande. C'était le préalable à la restauration des murs et à l'aménagement d'un musée moderne, aux espaces d'exposition élargis.

Nous avons ensuite recruté un nouveau conservateur qui a élaboré un Projet scientifique et culturel. Nous avons parallèlement acquis, rue Vincent-Chevard, des locaux pour y stocker nos collections pendant la durée des travaux dans le palais épiscopal. Ce bâtiment doit être réaménagé en vrai local de conservation.

Parallèlement toujours, le conservateur a engagé un programme de restauration d'œuvres majeures auquel nous consacrons 1 million d'euros sur plusieurs années. Puis nous avons choisi un cabinet d'architectes qui nous livrera en février prochain un diagnostic sur l'état du bâtiment du palais. Et il nous dira surtout comment il faudra procéder au réaménagement progressif du palais.

Sachant que pendant la durée des travaux, qui dureront plusieurs années, et que l'État va nous aider à financer, je veux que des expositions temporaires puissent continuer de s'y tenir.

VV : Passons de l'autre côté de la cathédrale. Que comptez-vous faire de l'ancienne école Gérard-Philipe ?

JPG : J'ai le projet d'y installer un véritable musée du Vitrail, la tradition chartraine en la matière méritant d'être illustrée à sa mesure. Si Chartres prétend rester la « capitale de la lumière », elle doit le justifier, sachant en outre que le vitrail reste aujourd'hui une activité économique importante dans l'agglomération. J'ai donc demandé au conservateur du musée des Beaux-Arts d'élaborer un avant-projet.

Maison internationale de la cosmétique

VV : Quelques pas plus loin, nous arrivons aux bâtiments de l'ancien collège Jean-Moulin.

JPG : Le Département nous a rendu l'usage d'un bâtiment qui appartenait à la Ville de Chartres. Chartres métropole y conduit l'aménagement de la Maison internationale de la cosmétique. Là encore un atout majeur de l'activité économique de notre territoire. Chartres « capitale de la lumière et du parfum » se doit d'associer les acteurs de l'ensemble de la filière à notre ambition collective.

Il a fallu beaucoup d'énergie pour imposer notre ville comme capitale de ce pôle économique de dimension mondiale, avec les milliers d'emplois qui l'accompagnent. D'autres villes en effet y prétendaient et rien n'est jamais acquis. Aujourd'hui, les marchés d'aménagement ont été lancés et nous commençons à dépouiller les premières offres provenant des entreprises.

Esplanade de la cathédrale

VV : Venons enfin à l'esplanade devant la cathédrale, à ce qui sera aménagé dessus et au grand équipement culturel et touristique que vous voulez installer dessous ?

JPG : Tout le monde est d'accord pour dire que cet espace ne peut pas rester tel quel. C'est toujours le même problème avec le provisoire qui dure. Au Moyen Âge, cette esplanade n'existait pas, la cathédrale étant entourée de maisons et de bâtiments divers. Ce « front bâti », comme disent les architectes, existe encore de part et d'autre des portails nord et sud. Le visiteur ou le pèlerin débouchait des ruelles pour découvrir soudain, saisi d'admiration, la cathédrale qui se dressait devant ses yeux.

Devant le portail royal, des démolitions sont intervenues dès le XIXe siècle. Et les nombreux pèlerinages qui se déroulent à Chartres ont naturellement fait évoluer l'usage de l'espace ainsi dégagé. C'est devenu un endroit célèbre et donc sensible à de nombreux publics, le dernier en date étant celui de Chartres en lumières. Au point qu'il paraît aujourd'hui difficilement imaginable d'y reconstruire un front bâti à l'ancienne.

Sous cette esplanade, existent des vestiges archéologiques de premier ordre révélés par les fouilles organisées par la municipalité précédente au cours des années 1990. Quand vous creusez, la première couche archéologique est médiévale. Mais c'est en dessous que se cache le véritable trésor, des vestiges de bâtiments gallo-romains des premier et deuxième siècles de notre ère. L'équipement culturel et touristique s'installera sous l'esplanade et ses visiteurs pourront découvrir le résultat des fouilles de la couche gallo-romaine, visibles en-dessous.

Le projet retenu devra d'abord « contenter l'œil »

VV : Votre projet date de plusieurs années. Où en est son avancement ?

JPG : Ce projet a toujours continué d'évoluer. Les débats n'ont pas manqué. Nous avons beaucoup écouté, beaucoup appris. La Commission nationale des monuments historiques avait donné un avis favorable à l'unanimité à notre première esquisse moyennant des recommandations dont nous avons tenu compte. Des retours du public, et d'abord des Chartrains, j'ai retenu la conviction que leur questionnement portait surtout sur l'évolution de l'aspect de l'esplanade, et que le projet retenu devrait d'abord « contenter l'œil ».

J'ajoute, pour rassurer tout le monde, que nous ne travaillons pas tout seuls. La discussion est permanente avec tous les services de l'État concernés, de la préfecture au Service régional d'archéologie (SRA), en passant bien sûr par la DRAC du Centre-Val-de-Loire et l'Architecte des bâtiments de France (ABF).

Ce projet d'aménagement du Cloître Notre-Dame fait partie de l'opération Cœur de Ville, du Contrat de plan État-Région, comme du Plan de gestion de la cathédrale, excusez du peu ! Notre projet est donc aujourd'hui plus abouti. Nous irons le présenter à la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA) au 1er trimestre de l'année prochaine. Vous comprendrez que j'en réserve la primeur à ses membres.

« Le patrimoine est une richesse durable »

VV : Vous ne pouvez pas nous en dire plus ?

JPG : J'ai pour habitude de respecter les règles. Tout ce que je peux vous dire, c'est que notre projet prévoit naturellement le maintien d'une esplanade. Nous allons même en élargir les perspectives puisqu'il est acquis que nous déconstruirons les bâtiments qui abritaient l'ancien Office de tourisme et les anciens locaux de la Chambre de commerce et d'industrie. Les superbes maisons canoniales demeureront. Elles font d'ailleurs partie intégrante du projet que nous présenterons.

Ce que je veux montrer aux Chartrains, c'est que tout avance en respectant l'écoute, les procédures réglementaires qui protègent le patrimoine dans notre pays.

Tout ceci représente aussi des investissements importants qu'il faut savoir programmer, preuve encore que culture et patrimoine constituent une priorité budgétaire de la Municipalité. Car le patrimoine est une richesse durable, non délocalisable. Sa beauté embellit notre vie au quotidien. Dans notre monde de l'immédiat et du court terme, il nous rappelle l'importance du temps long, de cette persévérance dont quelqu'un comme François Mitterrand faisait la vertu cardinale. Avant même l'intelligence.


Aménagement du pourtour de la cathédrale de Chartres

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