En juin dernier, le Conseil municipal a adopté le Compte financier unique de la Ville pour l'année 2022. Franck Masselus, adjoint en charge des Finances, revient sur ce bilan financier d'une année agitée.
Votre Ville : Franck Masselus, après coup comment regardez- vous l'année 2022 ?
Franck Masselus : Comme une succession de chocs que nous avons dû encaisser, amortir et gérer. Après les années Covid, l'économie est repartie plein pot dans le monde. D'où un retour de l'inflation, encore aggravée trois mois plus tard par les débuts de la guerre en Ukraine, qui a provoqué une déstabilisation durable des économies européennes, avec l'amplification de l'inflation à cause de la tension sur les matières premières, et l'apparition d'une crise énergétique durable.
VV : Comment avez-vous géré les conséquences pour Chartres ?
FM : Le renchérissement des énergies a impacté directement les collectivités, qui ne bénéficiaient pas du bouclier tarifaire. Conséquence logique de l'inflation, le point d'indice du traitement des fonctionnaires et agents publics a été réévalué. De même, les taux d'intérêt, c'est-àdire le loyer de l'argent, faibles 10 années durant, sont repartis à la hausse. Et au fur et à mesure du renouvellement de nos marchés de fournitures, d'entretien et de maintenance, nous avons dû supporter des hausses, parfois de 20 % ! Pendant les années Covid, nous avions pu dégager des excédents de fonctionnement importants, c'en était désormais terminé : les manifestations reprenaient avec les subventions correspondantes aux associations. Nous avons pourtant fait le choix de maintenir les importants investissements prévus. Et, ce qui concerne directement les Chartrains, nous avons gardé stables les taux de fiscalité de nos impôts locaux, la taxe foncière pour l'essentiel. Si vous lisez les journaux, cette décision est rare aujourd'hui en France, où les taux de taxe foncière explosent dans la grande majorité des villes. Mais c'était notre engagement. Pourtant, dans le même temps, l'Assemblée nationale avait réévalué les bases fiscales sur lesquelles nous appliquons nos taux de 3,4 % seulement, c'est-à-dire bien moins que l'inflation. Pire encore, la Dotation globale de fonctionnement, qui nous apporte l'essentiel des financements de l'État, n'a pas son montant aligné sur l'inflation.
VV : Des motifs de satisfaction ?
FM : La stabilité des taux municipaux de notre fiscalité, le maintien de nos investissements, avec les débuts de l'achèvement des travaux du Pôle Gare, du Pôle Administratif, la livraison du théâtre OFF pour le plus grand bénéfice de l'offre culturelle chartraine et de nos compagnies théâtrales locales, la poursuite des grands chantiers d'aménagement des quartiers, etc. Certes, nous avons dû gérer serré. Et nous avons réussi à garder une capacité correcte de remboursement de notre dette. Même si notre ratio en la matière est passé de moins de 9 ans à un peu moins de 11 années. C'est cet effort de gestion qui nous permet de garder sereinement la confiance de nos partenaires financiers, avec l'obligation évidente de maintenir cette rigueur cette année.