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Maurice Guillaud : « passeur » de culture

Maurice Guillaud avec son livre « Goya – Les Visions magnifiques » sur les genouxCulture

03 août 2022

À 91 ans, à l'heure où ses jambes l'abandonnent, mais l'esprit et la mémoire toujours clairs, Maurice Guillaud, Chartrain d'adoption, s’attelle à achever le récit d'une vie hors-norme entièrement vouée à la culture.


Maurice Guillaud est né à Nice en 1931. « Mon père était un grand botaniste et horticulteur. Artiste fleuriste, ma mère remporta quinze années de suite le premier prix des batailles de fleurs du Carnaval de Nice. J'ai eu beaucoup de bonheur dans cette famille. Mais nous avons aussi été profondément marqués par les exactions dont nous avons été témoins pendant l'occupation de la ville par les Italiens d'abord, par les Allemands ensuite. Nous venions en aide aux résistants FTP communistes réfugiés dans les montagnes. »

« Mes parents nous ont élevés dans la liberté d'être. C'est mon père qui m’a transmis le goût de la culture. J'avais 10 ans et demi quand il m'a offert « Une ténébreuse affaire », de Balzac. À 17 ans, je connaissais tous les poètes surréalistes par cœur. »

Albert Camus, Jean Vilar et les autres

Au cours de sa longue existence consacrée à la culture, Maurice Guillaud a mis en scène une trentaine de pièces de théâtre entre 1958 à 1986, en a écrit 24, a côtoyé des figures du panthéon culturel hexagonal comme Jean-Louis Barrault, Albert Camus, qui le prit sous son aile, Jean Vilar (« mon maître »), dont il fut l'assistant, Maurice Béjard, et bien d'autres. Il a monté l'Électre de Sophocle avec une débutante nommée Emmanuelle Riva, dirigé Silvia Monfort dans Jacques ou la soumission, d'Eugène Ionesco, expérimenté le théâtre dansé et le théâtre image.

« Mon épouse Jacqueline était enseignante. C'est grâce à elle que je suis devenu un pédagogue de la culture. » Ensemble, ils créèrent en 1969 à Paris le Centre culturel du Valois, qui utilisait des moyens artistiques pour sensibiliser tous les publics à la culture dans le département de l'Oise. Ils fondèrent ensuite le Centre culturel du Marais, où Maurice organisa, de 1973 à 1989, 27 expositions événement (Turner, Monet, Degas, Dali, Picasso, Hokusai…). Le succès rencontré par les 27 catalogues qu’il édita pour accompagner celles-ci lui permit ensuite de concevoir 23 ouvrages consacrés à des grands peintres comme Giotto, Raphaël, Bosch, Rembrandt, Turner, Goya, Van Gogh ou Matisse. Il ajouta un album remarqué de ses propres photos en noir et blanc de Paris en hiver intitulé De jour en novembre, fabriqué en collaboration avec le propre tireur d’Henri Cartier-Bresson.

Inventeur d'un papier révolutionnaire

Ceux qui ont eu la chance de feuilleter son Giotto, architecte des couleurs et des formes, ou son Goya, les visions magnifiques peuvent attester qu'il a su faire du livre d'art un art. Grâce à une mise en pages audacieuse mais aussi à un papier de son invention, l'Onion skin, qui permettait une qualité de restitution des œuvres inégalée. Depuis plusieurs mois, Maurice travaille à la rédaction d'un livre de souvenirs. « Plus qu'une autobiographie, j'ai voulu en faire une initiation à la culture ». Cette culture qu'il a humblement et passionnément servie toute sa vie. Si son nom est tombé dans l’oubli, c'est que ce « passeur d'art » a en effet toujours mis un point d'honneur à s'effacer derrière la culture. Il n'a d'ailleurs conservé aucune photo de ses belles années.

« Nous avons toujours aimé Chartres »

Dans les 500 pages des deux premiers tomes de ses mémoires, il évoque l'histoire de sa famille et ses années niçoises, son arrivée et ses débuts à Paris à la fin des années 1940 : son passage à l'école de la rue Blanche, préparatoire au Conservatoire, son amitié avec Guy Bedos, ses premières amours. Il y relate aussi longuement ses pérégrinations culturelles et touristiques en Italie dès l'âge de 17 ans. Les 500 pages suivantes n'existent pour l'instant qu'à l'état de manuscrit. Le reste n'est pas encore écrit. « Je m'interdis de mourir avant d'avoir terminé », dit-il avec un sourire.

« Chaque fois que l'on passait à côté de Chartres ma femme et moi, nous nous y arrêtions une demi-journée. Nous avons toujours aimé cette ville ». Chartrain depuis un an et demi, Maurice vit aujourd’hui dans le dénuement, s'agrippant à l'espoir de voir ses écrits publiés.

Une telle destinée, consacrée à prodiguer de la culture, mérite assurément de laisser une trace.

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