Qui dit ateliers Lorin dit aussi patrimoine et histoire, mais pas seulement…. Haut lieu du vitrail depuis plus d'un siècle et demi, ses placards renferment des pigments qui suscitent la curiosité des spécialistes. L'occasion d'installer un dialogue inédit entre la tradition verrière et la recherche scientifique.
Tout commence par une convergence d'intérêts entre Élodie Vally, maître-verrier et directrice de la Maison Lorin, et Jean-Philippe Blondeau, enseignant-chercheur au CNRS en science des matériaux, spécialiste du verre, enseignant à l'IUT de Chartres et à Polytech. « Jean-Philippe avait déjà mené des recherches avec d'autres ateliers de la région, raconte la maître-verrier. De mon côté, j'avais accueilli en stage des étudiants en chimie du verre, notamment de l'université Centrale Lille, passionnés de patrimoine. C'est ainsi qu'est née l'idée d'un partenariat. »
Cette collaboration explore les techniques de coloration du verre comme le jaune d'argent, développé au XIVe siècle. Ce procédé repose sur la formation de nanoparticules métalliques à l'intérieur du verre. « Ce n'est pas la couleur de l'argent massif, mais celle de nanoparticules issues de la réaction chimique entre le verre et la mixture colorante, qui donne cette teinte jaune si caractéristique », explique Jean-Philippe Blondeau.
Le rouge de cuivre repose sur un principe similaire. C'est sur ces jaunes d'argents que les étudiants accueillis aux ateliers Lorin ont axé leurs recherches. « Ils ont analysés plusieurs pigments et réalisé plusieurs tests d'applications afin de constater et répertorier les différentes variations de couleurs ainsi obtenues. »
« Nous conservons quantité de pigments anciens, parfois introuvables, que l'on met à disposition des chercheurs. »
Analyser et inventorier
Outre les jaunes d'argent et les rouges de cuivre, les maîtres-verriers utilisent aussi les grisailles pour réaliser les dessins et contours, et les émaux pour les autres coloris. « Au contraire des jaunes d'argent et rouges de cuivre, qui sont incrustés au verre, les émaux, inventés au XVe siècle, sont une application de couleur sur le verre », poursuit Élodie Vally.
À Chartres, ville du vitrail, les ateliers Lorin et l'IUT se font donc terrain de recherches. « Nous conservons quantité de pigments anciens, parfois introuvables, que l'on met à disposition des chercheurs. Le projet est d'inventorier et d'analyser les compositions de peintures conservées à l'atelier », ajoute Élodie Vally.
L'aventure débute seulement. « Pour aller plus loin, il nous faut structurer des projets de recherche, accueillir des étudiants en master ou doctorat… », précise Jean-Philippe Blondeau. « C'est une chance d'avoir localement des scientifiques qui s'intéressent à ce sujet, assure Élodie Vally. Et je trouve intéressant qu'en tant que maître-verriers, nous puissions mettre à leur disposition de l'outillage et des locaux. »
Plus qu'une alliance entre art et science, ce projet est l'union des savoirs vers un but commun : l'évolution et le rayonnement du patrimoine.
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