Outre les parcs, squares et jardins qui peuplent la ville, les espaces naturels situés en bordure de l'Eure constituent le poumon vert de Chartres. Ces milieux diversifiés offrent une richesse écologique à préserver et entretenir à travers une politique de gestion raisonnée qui œuvre au service de la biodiversité.
Plan Vert : Valoriser les milieux naturels
Depuis 2001, le Schéma directeur du Plan Vert a deux objectifs principaux :
- Inventorier les trames vertes et bleues du territoire afin de les protéger et d'améliorer leurs fonctionnalités. Ces éléments sont transcrits dans les PLU communaux de l'agglomération. Cela permet d'inscrire la préservation des milieux naturels sur le long terme et en adéquation avec le développement urbain ;
- Aménager des liaisons douces le long de la rivière tout en protégeant les espaces naturels et la biodiversité. Concernant la gestion des crues, l'inscription au PLU des zones inondables et la valorisation des prairies humides permettent de préserver et de conserver des zones d'expansion de crue pleinement fonctionnelles. L'acquisition des parcelles dans le cadre du Plan Vert permet d'aller plus loin et de prendre la gestion complète de ces milieux humides. Des travaux peuvent ainsi être entrepris pour favoriser l'expansion de crues. En période de crues, ces terrains inondés stockent l'eau temporairement, ce qui permet de limiter les inondations sur d'autres zones à enjeux (habitation, voirie, etc.)
Continuité écologique : la biodiversité progresse, les inondations régressent
La continuité écologique est un des principaux enjeux que la Ville et Chartres métropole prennent à bras-le-corps. Elle a pour objectif de permettre la libre circulation du cours d'eau sans aucune entrave (vannage, busage, pont…), requérant une étude au cas par cas. En effet, certains vannages ou busages peuvent être nécessaires aux usages liés à la rivière (exemple : la prise d'eau potable des Trois-Ponts).
Une rivière avec un écoulement libre amoindrit les risques d'inondations car sa capacité de stockage est plus importante lors des montées d'eau. En revanche, elle se retrouve au maximum de son stockage avant même l'arrivée d'une crue si ses écoulements sont bloqués. La libre circulation permet aussi d'éviter l'envasement, favorisant les échanges avec les nappes d'accompagnement de la rivière : l'eau peut facilement se stocker dans le substrat et les couches inférieures.
À l'inverse, lorsque l'eau stagne, les particules très fines (limon et argile) forment une barrière imperméable qui déconnecte la rivière de sa nappe d'accompagnement. Les travaux de restauration de la continuité écologique diminuent les risques d'inondation et sont bénéfiques pour la biodiversité et la qualité de la rivière. Le libre écoulement évite le réchauffement de l'eau et diversifie les habitats, dont celui de la faune présente dans la rivière et ses abords.
Les prairies humides et la biodiversité
La prairie des Trois-Ponts
La prairie humide des Trois-Ponts est un véritable havre de paix pour la biodiversité locale. Elle est entretenue avec soin pour conserver son état remarquable en suivant un plan de gestion établi par le Conservatoire d'espaces naturels, qui évolue selon les résultats des inventaires réalisés sur le secteur. De nombreuses espèces floristique et faunistique remarquables sont présentes au cœur de cet espace humide en milieu urbain. Il fait office de refuge privilégié pour de nombreuses espèces qui y trouvent une zone d'habitat, de chasse et de reproduction.
Longée par le Plan Vert qui fait office de corridor écologique pour ce réservoir de biodiversité, la prairie a l'avantage d'être intégrée à son environnement. La faune peut donc aller et venir en bénéficiant de la trame verte : un atout essentiel pour éviter le déclin de certaines espèces. De nombreux oiseaux profitent de ce cadre unique pour se nourrir, s'abriter et se reproduire. Certains sont d'ailleurs répertoriés en voie de disparition comme la Bécassine des marais, ou le Phragmite des joncs.
Le maintien de cette zone humide rend également des services à la collectivité, principalement liés au rôle d'éponge de ces milieux :
- En hiver, la prairie absorbe l'eau durant les phases de crue, permettant de diminuer l'intensité des inondations et l'impact sur les zones bâties. La qualité de l'eau est aussi meilleure car elle se retrouve filtrée par la végétation et le sol. Elle s'infiltre pour recharger les nappes qui serviront pour l'alimentation en eau potable.
- En été, la prairie est drainée par la rivière lorsque le niveau d'eau est très bas. Ces épisodes de sécheresse permettent de soutenir l'apport en eau dans la rivière.
La prairie des Petites-Filles-Dieu
Elle est un écosystème à part entière préservé en tant qu'espace naturel. La rivière qui la borde présente un écoulement libre et diversifié où de nombreux habitats sont présents, favorisant le bon développement de la biodiversité aquatique (poissons, amphibiens, invertébrés).
Les berges présentent une végétation naturelle, entretenue pour faciliter leur rôle d'interface entre la rivière et son lit majeur. Cette interface sert de zone refuge et de transition pour de nombreux animaux. C'est aussi le lieu de vie idéal des espèces dites « hélophytes » dont les parties racinaires ont besoin d'être dans l'eau mais dont la partie aérienne doit demeurer à l'air libre. Des inventaires floristique et faunistique sont réalisés afin d'avoir les connaissances nécessaires pour maintenir et améliorer la biodiversité présente sur la prairie.
Au niveau floristique, la présence d'espèces rares telles que la Violette des chiens ou la Molène floconneuse a été constatée. La réalisation d'une fauche semi-tardive (juin) s'avère essentielle pour ne pas saturer le milieu en matière organique et conserver ces espèces. Sur le plan faunistique, c'est le lieu de vie privilégié de nombreuses espèces de libellules, de papillons et d'autres insectes qui y réalisent leur cycle de vie, au même titre que le criquet ensanglanté : espèce remarquable pour la région.
Ces insectes permettent, à leur tour, de favoriser la présence d'autres espèces protégées comme les chauves-souris qui s'en nourrissent.
