À l’occasion des célébrations du centenaire du Bleuet de France, le préfet d’Eure-et-Loir décrit le rôle fondamental de cette institution, née durant l’entre-deux-guerres, et symbolisée par sa fleur bleue. Entre solidarité, résilience et transmission de la mémoire aux jeunes générations, le Bleuet continue d’incarner notre liberté et nos valeurs.
| La Ville de Chartres et Chartres en lumières s'associent aux célébrations des 100 ans du Bleuet de France ! |
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Du lundi 3 au mardi 11 novembre, le logo du Bleuet de France sera projeté sur l'hôtel Montescot en alternance avec la scénographie « Pierre, feuille, ciseaux » de Chartres en lumières. La façade de l’hôtel de ville située place des Halles sera illuminée en bleu. > Date : Du lundi 3 au mardi 11 novembre inclus de 18h15 à 23h. > Lieu : Place des Halles et rue au Lin. |
Votre Ville : En 2025, la France honore et célèbre le centenaire du Bleuet de France. Quel symbole représente cette institution matérialisée par sa fleur bleue ?
Hervé Jonathan : Le Bleuet de France est depuis cent ans la bannière de l’unité nationale. C’est une fleur apolitique qui réunit le monde de la Défense - les militaires blessés en opérations extérieures, les orphelins et les veuves de guerre - et l’ensemble de la société civile, notamment les victimes du terrorisme.
À l’instar du coquelicot anglais - le Poppy - le Bleuet porte une double mission : celle de solidarité envers les victimes et celle de mémoire pour honorer ceux qui sont morts pour la France. Il incarne l’âme même de la Nation : un symbole de résilience, d’unité et d’espérance qui aide les blessés à se reconstruire et les jeunes générations à comprendre la valeur de la liberté et la nécessité de la défendre.
« Depuis 100 ans, le Bleuet de France est la bannière de l’unité nationale »
VV : À qui le Bleuet de France vient-il en aide ?
Hervé Jonathan : À près de 25 000 personnes chaque année : 10 000 soldats actuellement projetés en opérations extérieures, 5 000 blessés de guerre, qu’ils souffrent de blessures physiques ou psychiques, 4 500 victimes du terrorisme, 3 500 pupilles de la Nation dont 1 500 mineurs, et à de nombreuses veuves de guerre et personnes âgées dépendantes. Derrière chaque don, il y a une main tendue, un geste concret pour accompagner ceux qui ont tout donné pour la France. Il apporte une aide financière, comme pour l’éducation des enfants, et un soutien psychologique.
VV : En tant que représentant de l’État, quelle est votre mission à l’égard de sa pérennité ?
Hervé Jonathan : Ma mission est de porter le Bleuet et de le faire porter par tous les citoyens. Assurer sa pérennité, c’est garantir que la mémoire et la solidarité nationale ne s’effacent jamais. Le Bleuet de France n’appartient pas seulement à l’État : il appartient à chaque Français qui croit en la gratitude, en la fraternité et en la mémoire. Les missions du Bleuet de France ont évolué avec le temps et s’étendent notamment aux victimes du terrorisme, pupilles de la Nation ou aux plus âgés et dépendants.
« Assurer la pérennité du Bleuet, c’est garantir que la mémoire et la solidarité nationale ne s’effacent jamais. »
VV : Il est devenu une immense chaîne de solidarité ?
Hervé Jonathan : Oui, le Bleuet de France s’adapte aux blessures et aux conflits de chaque époque. Il relie l’ancien et le contemporain : l’ancien, par la transmission et le devoir de mémoire ; le contemporain, par le soutien aux blessés d’aujourd’hui et aux victimes des attentats récents. Dans un monde en tension, il rappelle que la solidarité nationale n’est pas un héritage figé, mais un engagement vivant et partagé.
VV : Comme chaque 11 novembre, en plus du 8 mai, une collecte sera organisée dans la rue auprès des passants. Faire un don au Bleuet de France, c’est entretenir une forme de solidarité et de transmission de la mémoire ?
Hervé Jonathan : C’est un geste de gratitude et d’unité nationale. C’est se souvenir du sacrifice de ceux qui sont tombés pour la France, mais aussi soutenir ceux qui, aujourd’hui encore, défendent nos valeurs et notre liberté. C’est contribuer à une œuvre collective, qui depuis cent ans, réunit les Français autour d’une même fleur, d’une même bannière, d’un même idéal. C’est honorer, aider et transmettre l’amour de la patrie. C’est à ce titre que j’ai souhaité impulser, avec l’appui du service départemental de l’ONaCVG (Office national des combattants et victimes de guerre), opérateur mémoriel majeur du ministère des Armées, une mobilisation citoyenne de grande ampleur à Chartres pour célébrer les 100 ans du Bleuet de France.
Les 8 et 9 novembre, une grande collecte sera organisée dans la ville sur les marchés, les places les plus fréquentées et au Colisée. Plus de 70 jeunes vont s’unir pour cette noble cause, qu’ils soient élèves de classes défense du département, jeunes sapeurs-pompiers, cadets de la gendarmerie nationale ou jeunes du SNU (Service national universel). Plus qu’une collecte, c’est une expérience formatrice permettant à cette jeunesse de s’investir activement dans une initiative porteuse de sens, incarnant ainsi des valeurs de mémoire, de citoyenneté et de solidarité.
« Les 8 et 9 novembre, une grande collecte sera organisée sur les marchés, les places et au Colisée »
VV : À travers des événements pédagogiques et culturels, le Bleuet de France sensibilise les plus jeunes. Quelle importance revêt ce devoir de mémoire à l’égard des citoyens de demain ?
Hervé Jonathan : La liberté et l’indépendance de notre pays est le prix de guerres et de combats menés par nos aïeux. Le devoir de mémoire à l’égard des jeunes générations est fondamental, en ce qu’il fait prendre conscience que la liberté doit être défendue parfois jusqu’au sacrifice ultime. Chaque année, le Bleuet de France organise de nombreux événements pédagogiques, citoyens et culturels : expositions, visites de hauts lieux de mémoire, parrainages entre écoles et unités militaires, ou encore courses solidaires où les élèves courent pour soutenir la cause du Bleuet.
Dans un pays qui n’a pas connu la guerre depuis près de 80 ans, il est essentiel de transmettre la conscience du sacrifice et de la paix. Le Bleuet de France éduque, rassemble et inspire : il est le passeur de mémoire et le moteur de résilience des citoyens de demain. Je souhaite porter cette année, dans le département, des projets pour contribuer au réarmement moral de la Nation, et particulièrement de notre jeunesse. Face aux crises, sur notre territoire mais aussi hors du territoire national, la Nation toute entière doit être prête (pouvoirs publics, citoyens, collectivités, associations).
Chacun doit pouvoir être acteur de la cohésion nationale et de la résilience. C’est l’un des objectifs de la Revue nationale stratégique 2025, et je souhaite que les services de l’État y contribuent au niveau départemental par des temps de rencontre avec les forces armées, des actions de sensibilisation dans les établissements scolaires et des camps d’été pour les jeunes. Nous y travaillons.
« Le Bleuet de France est le passeur de mémoire et le moteur de résilience des citoyens de demain. »








