L'histoire de Christian Oreb est celle d'un amour absolu défiant les lois du temps. Au cœur du cimetière Saint-Chéron, sur la tombe de son épouse disparue, il a façonné de ses propres mains deux fabuleux vitraux symboles de leur union : l'un représentant Tristan et Iseut. Et l'autre, la Vierge et le Taureau. Rencontre.
Nous retrouvons Christian Oreb sous la lumière apaisante du milieu d'après-midi, à l'allée 80 de la nécropole chartraine. Vêtu de jean, baskets aux pieds, le dynamique retraité ne fait absolument pas ses huit décennies. Et pour cause, il semble mué par une bouleversante force de vie. Une grandeur d'âme teintée de passion, de chaleur humaine et de spiritualité. À l'image même de son cheminement personnel.
L'art par-dessus tout
Il était une fois Martine et Christian, dont l'émouvante idylle débute dès l'enfance. La vie les sépare un temps puis ils se retrouvent à leurs vingt ans pour initier une magnifique histoire d'amour. Le couple se marie sept ans plus tard, fait un enfant. Mieux encore : amatrice d'art (comme en témoignent les mille et une copies de toiles de maîtres qui ornent les murs de leur pavillon champholois), Martine en profite pour initier son mari aux secrets de la création. Et Christian prend vite le pli, comblé et ravi d'accompagner la femme de sa vie dans ce qu'elle a de plus cher. Au point de devenir lui aussi un artiste accompli.
Mais le destin en décide autrement : il y a quatre ans de cela, Martine s'éteint des suites d'une éprouvante maladie, la sclérose en plaques. Autodidacte inaltérable, Christian fait alors le choix de lui offrir (comme ils l'avaient décidé ensemble peu avant sa disparition) deux ultimes présents qui graveront à jamais leur amour dans la roche. Il achète aussitôt plomb et verres et s'attelle à la création d'un diptyque qu'il va confectionner, durant des mois voire des années, au sein de l'Atelier Picol, prestigieuse maison chartraine de maîtres-verriers où Christian Oreb avait, en talentueux vitrailliste amateur, accès à l'ensemble des outils.
Le plus beau des cadeaux
« Inspirés des vitraux de la cathédrale de Chartres, je les ai conçus de manière à ce qu'ils s'animent à chaque rayon de soleil. Le premier est issu d'un livre d'art et représente Tristan et Iseut, une légende que ma femme a toujours adorée car elle symbolise l'amour éternel par excellence. Quant au second, il s'agit de ma propre interprétation de nos signes astrologiques respectifs. À savoir la Vierge, inspirée d'une nymphe scandinave à coiffe de pan, et le Taureau évoquant Apis, dieu de l'Égypte antique », précise celui qui, en digne héritier des illustres Carnutes, a toujours voué un culte aux mythes et légendes ancestrales, porteurs à ses yeux de paix, de plénitude et d'harmonie universelles.
« Les vitraux perdureront et la dernière demeure de mon épouse ne sera probablement jamais détruite. Elle continue ainsi de vivre en moi et à travers eux : je n'aurais pu rêver mieux. »
Profondément touchés par l'histoire de Christian et Martine Oreb, les vitriers Saint-Gobain, la RTCI (Réalisation Tôlerie Chaudronnerie Industrielle) ainsi que les pompes funèbres marbrerie Stéphane Perche ont de leur côté apporté leur pierre à l'édifice en mettant tout en œuvre pour concrétiser le projet sur la stèle du cimetière Saint-Chéron. Et magie de l'existence, le petit-fils de Christian suit, pour son plus grand bonheur, les mêmes pas que lui. « Il a récemment réalisé un vitrail tiré d'un manga, lui permettant au passage de décrocher son brevet des collèges ! » Le signe ô combien lumineux d'une flamme familiale qui n'est pas près de s'éteindre.








