L'une sublime l'art du violon entre tradition et modernité. Le second transcende avec tonicité l'éventail haut en couleur des percussions : nouveaux enseignants au Conservatoire, Clotilde Sors et Gianny Pizzolato savent trouver la note juste, au nom d'une passion commune faite de transmission et de créativité.
Les percussions, Gianny Pizzolato en maîtrise chacune des nuances depuis sa plus tendre enfance. Passé un temps par le piano, il fond littéralement pour les baguettes durant un concert symphonique où joue son propre père, trompettiste à l'Orchestre de Monte-Carlo. Le coup d'envoi d'une harmonieuse vocation. « J'ai vu une bande de zigotos s'éclater au fond de la salle et j'ai aussitôt voulu en faire partie (rires). Et puis ça collait bien avec mon tempérament plutôt tonique et dynamique. »
Coloriste du tempo
Son cheminement lui ressemble comme deux gouttes d'eau : à la fois singulier et pluriel. Premier prix au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, Gianny Pizzolato évolue ensuite aux côtés de Pierre Boulez, grand manitou de la musique moderne. Une expérience qui lui permet d'intégrer le TM+, un ensemble musical basé à Nanterre où il officie toujours. « Je suis véritablement comblé puisque j'ai toujours alterné entre le classique et le contemporain », poursuit notre homme qui se définit fort joliment comme un « coloriste-rythmicien ». Dans sa classe se télescope d'ailleurs un formidable assemblage d'instruments exotiquement évocateurs : caisses claires, timbales, tambours, castagnettes, vibraphones, cymbales, bongos, djembés, xylophones et marimbas que l'on dompte à deux ou quatre baguettes. Du lundi au mercredi, Gianny Pizzolato y donne des leçons individuelles ou en petit comité à près de vingt-cinq élèves. « Nous travaillons ensemble l'utilisation des grips, les phrasés, le déchiffrage harmonique. Dans un esprit collégial qui privilégie le jeu à proprement parler, le sens de l'écoute, l'échange et la sensibilité ».
« Enseigner la musique équivaut à explorer une contrée aux dimensions prodigieuses, à la manière d'aventuriers. »
L'émotion à fleur d'archet
Une quête de sensibilité que l'on retrouve tout naturellement chez Clotilde Sors, nouvelle professeure de violon depuis la rentrée. Malgré son jeune âge, cette musicienne accomplie a déjà eu l'occasion d'exercer son art mélodieux un peu partout dans le monde. Grenobloise d'origine, Strasbourgeoise quelques temps, elle aussi est diplômée du prestigieux Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. « Disons que je suis tombée dans la marmite de la musique classique toute petite », plaisante-t-elle.
violon moderne qu'elle enseigne désormais à une vingtaine d'élèves (en cours particulier et en petits groupes), Clotilde Sors a fait sien le maniement ô combien poétique du violon baroque. Et l'écouter en parler exalte aussitôt notre imaginaire : « Cet instrument à cordes se rapproche intimement de la voix humaine et évoque le chant lyrique. Il s'agit des mêmes tessitures, des mêmes émotions. Nous chantonnons ce que l'on veut jouer puis nous l'exprimons au travers du violon. Un peu comme un poème, un conte, une histoire particulière qui change de tonalité à chaque partition. »
« Un vrai coup de cœur pour Chartres et son Conservatoire qui se détache du lot. »
Montée en gamme
Bref, inutile de dire que les trajectoires de vie et les méthodes d'apprentissage chères à Clotilde et Gianny sont sur la même longueur d'ondes. Portées par un désir de transmission pédagogique et d'interconnexions mélodiques. Autre point commun, tous deux ont eu un vrai coup de cœur pour Chartres et son Conservatoire « qui se détache du lot à tous les niveaux ». À ce titre, sachez que Clotilde y supervise parallèlement l'orchestre à cordes junior. Gianny, lui, prépare un exceptionnel récital de percussions au cœur du cloître, fin juin prochain lors des journées portes ouvertes. D'ici là, laissons-les donc nous envoûter avec cette incroyable session d'improvisation, menée tambour battant à quatre mains.
