Le quartier de Saint-Martin-au-Val abrite des joyaux du patrimoine chartrain. Située au centre du grand sanctuaire gallo-romain, l'église Saint-Martin-au-Val forme un trait d'union entre le passé et le présent. Sa réouverture au public marque une étape décisive dans la transformation de cette partie de la ville.
Du sanctuaire aux hospices
La formation d'une ville procède toujours de processus inscrits dans la longue durée, que l'archéologie permet de révéler. Ces évolutions sont parfois faites de ruptures – lorsque certains quartiers sont détruits, transformés ou reconstruits – mais elles sont aussi faites de continuités. Le cas de Saint-Martin-au-Val est exemplaire à cet égard : le grand sanctuaire antique, édifié autour des années 70 ap. J.-C , à la périphérie immédiate de la ville d'Autricum, fut partiellement abandonné dès le début du IIIe siècle, puis réoccupé au Ve siècle par une église funéraire, qui aurait accueilli les dépouilles des premiers évêques de Chartres.
Ce sont les vestiges de ce premier lieu de culte chrétien que l'équipe de C'Chartres Archéologie a découvert en fouillant la nef de l'église actuelle. À la fin du XIe siècle, Saint-Martin-au-Val devint un prieuré rattaché à l'abbaye de Marmoutier, à côté de Tours. Ruinée pendant les guerres de Religion, l'église fut presque entièrement reconstruite dans les années 1650. Après la Révolution, l'abbaye fut rachetée par le Bureau des pauvres pour y installer les vieillards et les orphelins. Cette vocation d'accueil perdura tout au long du XIXe et du XXe siècle, avec le développement des hospices Saint-Brice, absorbés par l'hôpital de Chartres après-guerre.
Restauration et premières recherches archéologiques
L'histoire de l'église est intimement liée à celle des hospices Saint-Brice. En effet, le lieu de culte connut d'importants travaux réalisés dans les années 1860-1865 grâce au don qu'effectua un riche chartrain, M. de Reverdy, qui légua sa fortune à la maison de bienfaisance. Ces travaux suscitèrent de premières découvertes archéologiques, réalisées par l'archéologue Adolphe Lecocq et plusieurs objets remarquables datés de l'époque mérovingienne furent alors déposés au musée des beauxarts, où ils sont toujours conservés aujourd'hui. L'église Saint-Martin-au-Val fut classée Monument historique en 1886, puis sa gestion échut à la commune de Chartres suite à la loi de séparation de l'Église et de l'État, en 1905. Elle ferma ses portes au début des années 1990.
L'église Saint-Martin-au-Val, au présent et au futur
Bien qu'elle soit longtemps restée fermée au public, l'église Saint-Martin-au-Val est toujours un lieu de culte consacré, dont le diocèse de Chartres est l'affectataire. Mais il s'agit aussi d'un haut lieu du patrimoine chartrain et de la vie du quartier, auquel les habitants sont particulièrement attachés. En engageant, à partir du début de l'année 2025, d'importants travaux de mise en conformité et de restauration, la Ville a souhaité redonner ces trois fonctions à l'édifice. Il fallait pour cela amorcer un vaste chantier : rebouchage des fouilles archéologiques réalisées dans la nef entre 2013 et 2024 ; travaux d'accessibilité et d'électricité ; sonorisation ; restauration du déambulatoire et de la sacristie… Ces travaux permettront de rouvrir l'église au culte, mais aussi d'y accueillir des évènements culturels et, à terme, d'y installer un parcours de visite, dans lequel sera présentée la riche histoire du monument. Les restaurations se poursuivront pendant plusieurs années, afin d'assurer la sauvegarde à long terme de l'édifice et de poursuivre son étude archéologique.
| Après la réouverture au culte, prévue à l'occasion de la messe de Noël, l'église sera officiellement rouverte aux visites lors des Journées européennes de l'archéologie, les samedi 20 et dimanche 21 juin 2026. Dans ce cadre, une exposition installée dans les abbayes Saint-Brice présentera l'histoire du monument et les principales découvertes effectuées par les archéologues. |
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