De nombreux artistes et groupements de maîtres verriers ont répondu au concours anonyme lancé par la Ville en vue de parer la collégiale Saint-André de vitraux dignes de l'un des plus emblématiques monuments de Chartres. À son issue, ce sont les ateliers Loire, associés au Studio Zembok, de renommée internationale, qui ont été sélectionnés.
« La collégiale est dépourvue de vitraux depuis bien trop longtemps. L'en doter s'inscrit dans le cadre de nos missions de conservation et d'embellissement du patrimoine, et d'accompagnement de la création contemporaine, explique Isabelle Vincent, adjointe à la Culture et au Patrimoine. De très belles propositions nous ont été suggérées. Nous avons retenu celle-ci parce qu'elle est celle qui correspondait le plus à l'utilisation du lieu, qui accueille tout au long de l'année une programmation culturelle très importante, notamment en termes d'expositions. Elle pérennise cet écrin dans les scénographies d'exposition tout en mettant en valeur la collégiale avec un jeu de lumière propre à sa création. »
Symbolique de l'art roman
En effet, la proposition des artistes verriers Udo Zembok et Pascale Massot Zembok est assez extraordinaire. « Le graphisme épuré des vitraux va filtrer de manière évolutive la lumière entrante, détaillent-ils. Le visiteur va être amené à se déplacer dans l'église pour contempler les œuvres exposées. La technique de conception des vitraux développée avec les ateliers Loire sera telle qu'il percevra des nuances colorées changeantes au fur et à mesure de son déplacement. Lorsqu'il portera un regard frontal, la couleur des vitraux sera effacée au profit de la lumière blanche. Ainsi, il ne sera pas dérangé par une coloration qui modifierait la perception des œuvres exposées. »
Graphiquement, les vitraux présenteront des formes géométriques basiques. Carrés, cercles et triangles rappelleront leurs évocations symboliques dans l'art roman, lequel portait également une attention particulière à la symbolique des couleurs. « Nous attribuons à la façade nord des tonalités bleues et vertes, et au sud des tons orangés et rouges. » Le spectateur passera ainsi du froid, de l'obscurité, à la chaleur de la lumière. « Nous avons voulu des vitraux dépourvus de sens narratif pour que leur existence soit due à la lumière, à la matière et à l'œil du visiteur. » Mais ce n'est pas tout. La technique de réalisation permettra aux vitraux de laisser percevoir leurs couleurs depuis l'extérieur.
Mécénat
Les 47 vitraux devraient être installés d'ici deux ans. Pendant la réalisation, un espace sera réservé au sein de la collégiale à la présentation détaillée du projet. « Le vitrail à Chartres, c'est un peu notre ADN, rappelle Isabelle Vincent. Quand nous regardons les vitraux dont la ville regorge, nous nous apercevons que ce sont souvent des corporations qui les finançaient. L'idée est de revenir un peu à cette genèse en proposant à des particuliers et à des entreprises de contribuer à la réalisation de la création des vitraux de la collégiale via un mécénat permettant une déduction fiscale. La variété des vitraux, de toutes tailles, permettra aux intéressés de financer l'intégralité d'un vitrail, ou bien de participer à l'un d'entre eux. Nous valoriserons ce mécénat par des contreparties, en inscrivant par exemple les noms des donateurs à l'intérieur de la collégiale. »