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Le centre-ville a besoin d'habitants – Interview du maire Jean-Pierre Gorges

Le maire Jean-Pierre Gorges au micro d'une radio locale sur une terrasse du cœur de villeCadre de vie

04 juin 2025

Point sur la situation du commerce de centre-ville à Chartres. Les indicateurs le montrent tous : notre situation est meilleure que dans les autres centres-villes de la région Centre Val-de-Loire. Jean-Pierre Gorges explique les axes de la stratégie de la Ville en la matière : une vision globale au-delà du commerce proprement dit.


Votre Ville : Les mesures des indicateurs doivent vous réjouir ?

Jean-Pierre Gorges : Oui, parce qu'ils convergent tous. Oui, parce que nous y voyons le résultat d'une stratégie poursuivie avec persévérance depuis 25 ans. Mais pas d'autosatisfaction : il reste beaucoup à faire pour mieux assurer la situation dans la durée.

Je me permets de rappeler que la situation du commerce de centre-ville constituait déjà un point sensible de la campagne municipale de 2001.

Elle s'est notamment focalisée sur la question du stationnement à travers notre projet de construction d'un grand parking de 1 200 places, sous le boulevard Chasles et la place des Épars. La première condition de la vie du commerce de centre-ville, c'est la capacité de ses clients à y accéder.

« Le résultat d'une stratégie poursuivie avec persévérance depuis 25 ans. »

VV : Vous avez alors fait un choix qui était aussi financier ?

JPG : La Ville n'était pas riche, et nous avons fait un choix de justice sociale. Nous avons donc décidé de ne pas faire payer le stationnement par le contribuable chartrain, mais seulement par l'usager, via une procédure de délégation de service public à un concessionnaire.

Sans cet équipement majeur, toute notre politique de réaménagement et de dynamisation du centre-ville aurait été impossible : notre « plus grand centre commercial à ciel ouvert » de l'agglomération n'aurait jamais pu vivre.

À commencer par la piétonisation de l'autre moitié de la haute ville historique, ou encore la réduction drastique de la circulation automobile à côté et autour de la cathédrale, qui a pu démarrer ainsi sa restauration spectaculaire dans des conditions durables.

Aujourd'hui, ce sont 4 000 places de stationnement souterrain qui sont disponibles pour les riverains, les consommateurs chartrains venus d'autres quartiers, les habitants de l'agglomération et les touristes. De plus, ces équipements deviendront la propriété définitive de la Ville, et donc des Chartrains, dans une dizaine d'années.

VV : Certains remettent pourtant en cause cette politique ?

JPG : Là encore, les chiffres de fréquentation de nos parkings souterrains disent le contraire. Et considérez en outre que les habitants du centre-ville comme les riverains des quartiers avoisinants bénéficient de la gratuité du stationnement, en surface.

Quand 10 000 personnes prennent le train chaque matin à la gare de Chartres, dites-vous bien qu'un éventuel stationnement gratuit serait à l'évidence « vampirisé » par des voitures ventouses, et d'abord au détriment des riverains.

Et puis, en surface cette fois, sans le réaménagement des boulevards et de la place des Épars, puis des boulevards Maurice-Violette, de la Résistance et de l'avenue Jehan-de-Beauce jusqu'à la gare, pas de voies propres pour les bus, ni de pistes cyclables, ni de larges trottoirs pour les piétons, etc. Pas non plus de grands équipements culturels.

Les critiques tiennent de l'idéologie, parce qu'ils refusent l'existence même de la voiture. Nous avons fait le choix inverse : accepter la voiture, qui fait partie de la vie de chacun, de sa liberté d'aller et venir, mais lui demander d'abord de ralentir quand elle arrive en centre-ville, puis de disparaître sous terre pour rendre l'espace aux habitants, aux clients et aux visiteurs.

Enfin, la société délégataire du parking et l'organisation des commerçants ont conclu des accords qui permettent aux clients de chaque commerce de pouvoir bénéficier de la gratuité du stationnement à partir du moment où ils consomment. De même pour ceux qui viennent effectuer des démarches au guichet unique d'Autricum – Hôtel de Ville et d'Agglomération.

« Nous acceptons la voiture, mais lui demandons de ralentir quand elle arrive en centre-ville, puis de disparaître sous terre pour rendre l'espace aux habitants. »

VV : L'accès au centre-ville commerçant est également conditionné par une politique de transports publics ?

JPG : Chartres métropole a mis en place un réseau de lignes de bus parmi les plus denses des agglos de même taille. Le BHNS va très prochainement en augmenter encore l'efficacité. Sur son trajet, il va notamment côtoyer de nouvelles pistes cyclables. Et le Relais
des Portes, toujours gratuit depuis l'origine, permet de faire le tour de l'anneau des boulevards qui bordent le centre-ville historique.

VV : Reste aussi la question de la basse-ville ?

JPG : Ce joyau fait partie intégrante de notre secteur sauvegardé que nous avons étendu sur la totalité de l'espace compris à l'intérieur de l'anneau des boulevards. La vie quotidienne des habitants de la basse-ville comme les projets des investisseurs à cet endroit sont limités par la quasi-absence de stationnement public facile, du fait de l'étroitesse des rues anciennes et de l'existence des bras de l'Eure.

C'est pourquoi nous voulons aménager deux espaces de stationnement privé, destinés aux habitants, l'un en lieu et place de la maison occupée par le Centre d'information et de recrutement des forces armées (CIRFA) ; et l'autre près de la collégiale Saint-André. Ce parking off rira une solution attendue par les habitants. Leur première question avant d'acquérir en basse-ville est toujours la même : « où vais-je pouvoir stationner mon véhicule ? »

VV : La fréquentation des commerces du centre-ville est également conditionnée par l'utilisation de l'espace public. Dans quel esprit la regardez-vous ?

JPG : Le centre-ville appartient à tout le monde. C'est sa vocation. C'est pourquoi nous avons élargi considérablement la possibilité d'installation de terrasses devant les établissements accueillant du public : cafés, restaurants… Et vous observerez que dès que le temps le permet, ces terrasses sont bondées.

Nous avons presqu'entièrement réaménagé les rues et les places de la haute ville historique, en les repavant, en dissimulant les caniveaux sous la surface, en installant des conteneurs enterrés pour recueillir les ordures ménagères, en allégeant les procédures de livraison grâce à notre initiative dite du « dernier kilomètre ».

Aujourd'hui, nous restaurons le pourtour de la cathédrale, en accord avec toutes les autorités nationales, et même internationales, compétentes. 100 oliviers valent bien 10 robiniers malades et condamnés ! Et les nouveaux dallages ont tout de même meilleure allure que les bitumes à ornières ou les pavés disjoints qui faisaient trébucher les passants les moins attentifs ou les plus vulnérables !

« Nous avons élargi considérablement la possibilité d'installation des terrasses. »

VV : Quelle est la part du patrimoine dans l'attractivité commerciale du centre-ville ?

JPG : Considérable. Les touristes ne viennent pas à Chartes par hasard. Les nouveaux habitants ne s'installent pas à Chartres par hasard. Les Chartrains n'aiment pas leur ville par hasard. L'Histoire est là et les bâtiments anciens la rappellent en permanence. Là encore, c'est une doctrine que nous avons définie très tôt. Sélectionner dans le patrimoine de la Ville les bâtiments qui devaient être conservés, les restaurer, les animer de l'intérieur ET de l'extérieur.

Et là encore nous avons commencé par le commerce : la halle couverte qui abrite le marché hebdomadaire, place Billard, a été le premier édifice que nous avons restauré après 2001. Le deuxième a été le cloître des Cordeliers, alors en ruine, qui héberge aujourd'hui le Conservatoire de musique et de danse. Le cinéma, le Théâtre modernisé, l'Hôtel des Postes revitalisé en Méd'IAthèque, le théâtre Off et aujourd'hui le Colisée attirent des usagers et des spectateurs venus de toute l'agglomération et au-delà. Et ces gens consomment.

Nous y avons ajouté de grandes manifestations populaires et gratuites qui drainent énormément de monde : Chartres en lumières, que nous avons créée et présentons désormais presque toute l'année, ChartrEstivales que nous soutenons largement dans tous les domaines, et toutes ces fêtes et manifestations associatives qui animent la ville tout au long de l'année. Quand je vous parlais de nos projets de stationnement en basse ville, son premier résultat sera aussi de nous permettre de rendre l'attrait qu'elle mérite à la place Saint-Pierre, aujourd'hui réduite par nécessité à un rôle de parking…

« De grandes manifestations populaires et gratuites qui drainent énormément de monde. »

VV : Tout ceci est fait ou en cours de réalisation ? Quoi de neuf à venir ?

JPG : Il y a ce que nous pouvons faire et ce qui ne dépend pas de nous. Ce que nous ne maîtrisons pas, c'est le contexte économique du pays(Chartres n'est pas une île) et c'est  aussi le développement accéléré du e-commerce, sauf à la marge quand nous refusons l'installation d'un gigantesque entrepôt d'une entreprise internationale de distribution…

Depuis 25 ans, la réalité du commerce a considérablement évolué. À commencer par le modèle de l'hypermarché, autrefois incontournable mais qui commence à perdre une partie de son attrait. De même dans les centres-villes pour les galeries commerciales qui faisaient encore florès il y a quelques années. Il nous appartient d'être vigilants, de veiller à ce que certains types d'établissements ne deviennent pas envahissants. Le tout dans les limites de la loi qui protège la liberté du commerce.

Veiller sur l'état de santé du commerce de centre-ville, c'est aussi assurer la sécurité de cet espace, une préoccupation importante chez nos concitoyens. Nos opposants en sont encore à contester l'utilité de caméras de vidéoprotection… Notre dispositif ne cesse de s'étendre et de se perfectionner.

« Veiller sur l'état de santé du commerce de centre-ville, c'est aussi assurer la sécurité de cet espace. »

VV : Transports publics, parkings, patrimoine, animation, sécurité… que faut-il de plus pour renforcer la prospérité du commerce de centre-ville ?

JPG : Au quotidien, nous veillons à la relation de proximité que nous entretenons avec les commerçants et leurs organisations. Il y a des commerçants parmi les élus de notre municipalité. Ils sont très engagés et participent à ce travail continu et permanent. La concertation, l'examen des candidatures, c'est chaque jour. Mais comme toujours, ma préoccupation essentielle va au-delà des seuls commerçants. Je pense d'abord à leurs clients, aux Chartrains et aux habitants de l'agglo.

Depuis quelques années, je suis persuadé que le centre-ville de Chartres n'est pas assez habité. Ce sont des familles qui manquent ici, et de toutes sortes, mixité sociale oblige. Je le répète : le centre-ville appartient à tous les Chartrains. Il nous faut repeupler ces immeubles aux étages trop souvent vides qui dominent les commerces du rez-de-chaussée.

Nous avons commencé il y a des années déjà par inciter les propriétaires de certains bâtiments vieillis et fragilisés à revoir leurs façades, mais nous avons vite réalisé que c'était l'immeuble lui-même qui bien souvent était fragilisé. Nous avons donc mis en place des dispositifs d'incitation fiscale à la restauration des façades puis des immeubles concernés. Chartres ne pouvait pas devenir un « village Potemkine » : tout dans la façade, et l'abandon derrière. Nous devons mener jusqu'au bout cette logique humaine de proximité. Les premiers clients des commerces de centre-ville sont et seront les habitants du centre-ville et c'est encore plus vrai pour les commerces de bouche.

« Il nous faut repeupler ces immeubles aux étages trop souvent vides. »

VV : Et puis le commerce ne se limite pas au centre-ville ?

JPG : Nous sommes les gardiens de l'équilibre et nous n'oublions pas les commerces de proximité dans les quartiers, ni les grands espaces commerciaux de la périphérie. Ceux-ci doivent, autant que possible, rester complémentaires et non concurrents directs du commerce de centre-ville. L'État nous y incite et nous participons au dispositif mis en place comme l'opération « Cœur de Ville », essentiellement d'ailleurs parce que ces dispositifs présentent l'avantage de simplifier et donc d'accélérer les procédures administratives dont la complexité freine trop notre pays et ses collectivités.

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