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Fonds d'archives des Ateliers Lorin : un trésor de papiers

Élodie Vally, directrice des Ateliers Lorin et Isabelle Vincent, adjointe au maire de Chartres en charge de la culture et du patrimoineCulture

30 avril 2025

Fin 2017, la Ville rachète, en même temps que les bâtiments, l'exceptionnel fonds d'archives des ateliers Lorin, jusqu'alors entreposé à l'humidité et aux variations de température dans diverses pièces des ateliers. Des conditions de conservations préoccupantes qui occasionnent une évacuation d'urgence dès janvier 2018. Aujourd'hui en partie inventoriés et conservés au service des Archives de la Ville, ces documents à l'intérêt patrimonial international font l'objet d'une campagne de restauration et de valorisation.


En 1863, Nicolas Lorin fonde les ateliers avec la ferme ambition de faire reconnaître son travail non seulement à Chartres mais aussi à l'international. Très tôt, chaque commande est répertoriée dans un carnet, chaque maquette de présentation et carton d'exécution conservés. Ainsi commence la constitution du fonds d'archives. Dans les années 1880, les ateliers Lorin emploient une quarantaine de personnes et sont médaillés à de nombreuses expositions universelles en France et à l'étranger. À la mort de Nicolas, sa veuve, Françoise Dian, puis son fils Charles lui succèdent et assurent la continuité de l'entreprise et de la méthode d'archivage dans le même esprit jusqu'en 1940. François Lorin, fils de Charles et petit-fils de Nicolas, reprend les rênes en relevant le défi d'adapter le savoir-faire de la maison aux goûts du XXe siècle, tout en perpétuant l'enrichissement des archives, jusqu'en 1972.

Le fonds d'archives, constitué de documents écrits et iconographiques divers, raconte plus de 100 ans d'histoires entrepreneuriale, familiale et patrimoniale. S'il nous est parvenu dans sa quasi entièreté, c'est grâce à la capacité de stockage des bâtiments, au fait que la Maison Lorin y soit implantée depuis plus de 160 ans et au souci de conservation de ses propriétaires successifs.

Les mots du passé

La pièce maîtresse des archives écrites est peut-être le répertoire général des travaux. Il recense par ordre alphabétique l'intégralité des noms des clients (particuliers) et des communes (églises, bâtiments publics), à chacun desquels est associée une contremarque de chantier. Elle renvoie notamment aux carnets de commandes qui contiennent les descriptifs des chantiers : date, dimensions et descriptif des baies, prix, avec parfois un croquis d'église et l'emplacement des vitraux, le dessin de la baie, le nom du dessinateur… autant d'éléments qui donnent une âme au vitrail. 77 cahiers remplis quotidiennement par le contremaître de 1878 à 1906 témoignent de la vie des ateliers : avancée des chantiers, visites des clients et fournisseurs, expositions, moments forts de la vie des Lorin… Les anecdotes sont parfois drôles, à l'image du gendarme en visite mordu par le chien des Lorin, qui a engendré une série d'inspections intempestives des locaux. Outre ces documents, le fonds d'archives contient aussi les inventaires annuels, l'intégralité de la correspondance – soit environ 50 000 courriers, dont celui du gouvernement américain –, les factures de fournisseurs, des documents commerciaux, etc.

Les images d'hier

Le plus gros des documents du fonds d'archives est sans conteste la partie iconographique. Les croquis préparatoires et maquettes à l'encre et à la gouache servaient à présenter au client, à échelle réduite, le rendu de sa demande. Y est indiquée la contremarque de chantier tout comme sur les cartons à échelle d'exécution, de plusieurs mètres de longs. Entreposés dans les greniers des ateliers, certains ont énormément souffert et sont pour l'heure impossibles à dérouler sans les abîmer davantage.

Des plaques de verre photographiques témoignent non seulement du contexte de la vie des ateliers mais aussi de celle des Lorin. Leur numérisation effectuée en 2023 et 2024 constitue une part infime du travail titanesque engagé par le service des Archives de la Ville en 2018. Recensement, classement, conditionnement, numérisation et restauration sont des étapes impératives pour la sauvegarde et la mise à disposition de ce patrimoine de papier né à Chartres et rayonnant de par le monde. Ces documents sont aujourd'hui source d'études, de recherches et de sauvegarde.

Le passé dans le présent

Très tôt, les ateliers Lorin agrémentent les baies des églises, cathédrales et autres monuments du monde entier : de New-York à Saigon, de la basilique de Domrémy-la-Pucelle au tribunal de commerce de Chartres. La principale utilité du fonds d'archives est de survenir aux besoins de restaurations, comme l'explique Élodie Vally, directrice de la Maison Lorin : « Les ateliers ont effectué de très beaux chantiers grâce à ce fonds d'archives, comme la cathédrale de Jérusalem où la plupart des vitraux avaient été détruits dans les années 1980. Ils ont pu être recréés à l'identique en retrouvant les descriptifs et les maquettes. » Le fonds est aussi utile dans le cas de restaurations plus modestes, notamment chez les particuliers. Ce qui en fait sa valeur, c'est aussi son intérêt patrimonial. « Beaucoup de passionnés, de communes et d'associations locales de sauvegarde d'églises souhaitent accéder au fonds afin d'effectuer des recherches, parfois dans le but d'éditer des guides touristiques ou historiques. »

Histoire chartraine

Le fonds d'archives est aussi utile aux étudiants en vitrail, chimie du verre, et architecture. De par sa composition riche en lettres, anecdotes... il témoigne aussi d'une époque. « Nous pouvons retracer la vie d'un atelier de vitrail aux XIXe et XXe siècles, mais aussi de la Ville. Charles Lorin dirigeait aussi la société d'archéologie, et était marié à Jeanne Piébourg, la fille de l'architecte de la ville. Dans ces archives défilent donc la vie des notables de Chartres, l'historique des bâtiments de la ville, etc. Les Piébourg et les Lorin ont beaucoup travaillé ensemble. »

Le fonds Lorin en chiffres
  • 60 mètres d'archives écrites
  • 2 080 plaques de verre photographiques
  • 15 000 maquettes et croquis préparatoires
  • 25 000 cartons d'exécution

3 questions à Isabelle Vincent, adjointe chargée de la Culture et du Patrimoine

Aviez-vous connaissance de l'ampleur et de la richesse du fonds Lorin au moment de son acquisition ?

Pas dans les détails. Nous savons aujourd'hui qu'il est un trésor parce que garant du patrimoine Lorin en France et à l'international. C'est donc une vraie responsabilité pour la municipalité que de sauvegarder une partie de ce fonds, et à travers lui toute l'histoire d'une entreprise et le savoir-faire des maître-verriers qui est de Chartres.

Le fonds Lorin est un trésor garant d'un patrimoine en France et à l'international.

Où en sont les restaurations ?

Nous avons déménagé ce fonds en urgence grâce aux archives municipales et départementales et aux Amis du musée des Beaux-Arts. Dans un premier temps, il a trouvé refuge au musée et c'est là que pendant un an une archiviste a commencé le travail d'inventaire. En parallèle, nous avons engagé les restaurations des carnets. Restent encore des cartons et des documents régulièrement retrouvés aux ateliers. C'est un travail de longue haleine, passionnant, qui va demander des moyens pour lequel le maire Jean-Pierre Gorges a souhaité que nous continuions d'investir.

Comment sera-t-il valorisé ?

Afin que les chercheurs du monde entier qui s'y intéresse puissent continuer à l'étudier dans de meilleures conditions, nous poursuivons sa numérisation. Le porter à la connaissance des Chartrains est également une priorité. Le service des Archives de la Ville propose déjà des visites et, prochainement, un ouvrage dédié au fonds Lorin sera édité grâce au service de l'inventaire de la Région Centre-Val de Loire (le livre sera dévoilé en juin). Enfin, si des particuliers disposent dans leurs archives personnelles de documents ayant trait aux ateliers Lorin, qu'ils n'hésitent pas à nous le faire savoir.

Contribuez à la restauration des Ateliers Lorin

Faites un don sur le site de la fondation du Patrimoine.

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