Impact local du chantier
La construction de la charpente métallique, sa pose et celle de la couverture, comme la fourniture du fer, de la fonte et du cuivre nécessaires, sont attribuées à des entrepreneurs extérieurs. À Chartres, deux artisans sont sollicités, et un entrepreneur est soumissionné.
Un entrepreneur avisé
L’entrepreneur se fournit chez les artisans chartrains et recrute dans le vivier local des ouvriers (maçons, plombiers, menuisiers, charpentiers, boisseliers, verriers, épiciers, cordiers…) et des manœuvres pour le déblaiement puis l’entretien du chantier. Les longues listes de paiement des heures effectuées montrent l’aubaine qu’offre ce chantier.
Hommes aux manettes
Au sommet, les décisions avec le ministre des Cultes, maître du budget, et le rapporteur du Conseil des bâtiments civils qui oriente les travaux ; à Chartres l’exécutif avec le préfet et l’architecte, interface entre l’État, les entreprises et la Fabrique de la cathédrale.
Abécédaire des restaurateurs
A
> Comme Accary, Claude-Jean. Dit Baron (1783-1855), architecte départemental et architecte-voyer de la ville depuis 1832, successeur de Damars écarté par la monarchie de Juillet (1830-1848). En 1835 Baron a remis au rapporteur du Conseil un programme de réparation et de protection.
Depuis l’incendie, dans son « bureau » du clocher sud, il adresse au ministère des plans de l’édifice et l’état des lieux, lance les travaux d’urgence exigés par le rapporteur du Conseil, établit et valide devis, relevés de journées de travail et paiements qu’il soumet au préfet.
Il examine, dessine et calibre chaque pierre (des carrières de Berchères et Saint-Leu) et commande des pierres neuves.
>Comme André, gardien des magasins de la Fabrique de la cathédrale.
B
> Comme Buret, marchand cordier chartrain, embauché le 7 juin 1836.
C
> Comme Cabaret, contremaître chartrain du chantier de déblaiement.
D
> Comme Destenque, peintre chartrain à qui on commande la peinture des combles.
>Comme Duban, Félix (1797-1870), architecte des Beaux-Arts et du gouvernement, chef de la génération romantique, qui certifie en mai 1843 la compétence du chaudronnier auteur de la couverture en cuivre, à qui l’on demande des reprises.
E
> Comme Eugène, maçon chartrain figurant sur les listes de manœuvres.
F
> Comme Fabrègue, Adrien, entrepreneur de maçonnerie à Chartres, signataires des journées à payer à la main d’œuvre locale.
G
> Comme Gaudichaut, marchand à Chartres qui, l’été 1836, emploie trois femmes à coudre des toiles pour emballer les décombres.
> Comme Gosselin, conducteur chartrain du déblaiement depuis le 7 juin 1836.
> Comme Gourlier, Pierre-Charles (1786-1857), architecte, professeur à l’École centrale des Arts et manufactures, rapporteur du Conseil qui, le 10 juin 1836, mentionne à Baron les travaux de réparation et de prévention à exécuter en urgence : réservoirs sur les plates-formes des tours, réseau de descente des eaux pluviales, reprise de la couverture en plomb, extension du plomb au sol des galeries et des plates-formes.
> Comme Guillard, président de la Fabrique, requis par le préfet pour livrer à l’architecte la soudure en sa possession.
H
> Comme Heurdier, maçon chartrain toujours présent comme manœuvre.
J
> Comme Jumentier, maçon chartrain qui rejoint l’équipe le 19 juin 1836.
L
> Comme Larcher, boisselier, payé à Noël 1836 pour ses seaux, pelles et masses ayant servi aux démolitions.
> Comme Lassus, Jean-Baptiste-Antoine (1807-1857), élève des Beaux-Arts s’affranchissant de l’académisme, archéologue- restaurateur néo-gothique, collaborateur de Duban et de Viollet-le-Duc, et architecte diocésain de Chartres en 1848. Il dessine des vues de la cathédrale, commentées par Paul Durand.
> Comme Letellier, « serrurier à l’église de Chartres », qui fournit en 1841 boulons, chevillettes, tirons, targettes, clavettes, fortes agrafes et platebandes.
M
> Comme Martin, Emile (1794- 1871), qui coule les parties en fonte de la charpente dans sa fonderie de la Nièvre. Polytechnicien et issu de l’École d’artillerie de Metz, il a développé les Forges de Fourchambault de son beau-père avec sa Fonderie de fer et de cuivre Émile Martin et Cie (160 t./an de fer en verges pour l’industrie civile et militaire). Avec son fils il déposera le brevet de « l’acier Martin ».
> Comme Mignon, entrepreneur de serrurerie (charpenterie métallique) rue du Rocher à Paris, qui, en 1837, après avoir testé trois fermes d’essai, fabrique et installe les grands combles en fer et fonte de la nef, de l’abside et du transept. Successeur de son père Sylvain Mignon, avec ses deux millions en banque et un patrimoine foncier considérable, il est alors le principal propriétaire du quartier de l’Europe.
N
> Comme Nicolas, maçon chartrain.
O
> Comme Oudard, maçon qui, en juillet-août 1838, travaille pendant dix journées à « rehausser et remettre en place les nappes de plomb à l’endroit des entailles pour la pose des fermes ».
P
> Comme « Petey, Gilles Marie, entrepreneur, plombier, fontainier, hydraulicien à Chartres, 10, rue Porte-Cendreuse, successeur de son beau-père, qui tient manufacture de plomb laminé et plomb coulé sur sable ».
Il livre en 1841 « à Monsieur Baron, architecte, pour la plate-forme de la cathédrale de Chartres, un tablier de plomb pesant ensemble deux mille trois cent quatre-vingt trois kilogrammes plomb neuf. »
> Comme Pichon, maître charpentier embauché en 1836.
> Comme Piébourg, François-Fiacre-Isidore, « entrepreneur aux ponts et chaussées demeurant à Chartres », qui restaure le clocher nord, reconstruit l’assise du couronnement au pied des grands combles, exécute la maçonnerie des murs sous les chenaux en plomb, de la balustrade de la galerie haute sous les combles, des nefs, bras des transepts et abside, et restaure le clocher sud avec Mignon.
Il recrute au fil des ans une centaine d’ouvriers et manœuvres. Il est le père d’Alfred Isidore Piébourg (Chartres 1815-1902) et le grandpère d’Alfred Etienne Piébourg (1848-1902), tous deux architectes de la ville de Chartres.
Q
> Comme Quénéhen, Pierre-Antoine-Théodore, chaudronnier demeurant et exerçant à Paris rue de l’Arcade, qui loge au Grand Hôtel du Duc de Chartres lors des travaux.
Il pose en 1838 la couverture de lames de cuivre. Mais en 1843, pour retirer la « vieille tuile » qui couvre les trois pignons d’un porche, démolir quinze rangs de chevrons et reprendre les soudures « aux quatre noues du grand comble au-dessus du chœur », il est contraint d’hypothéquer sa maison.
R
> Comme Rougeoreille, père et fils, qui effectuent des journées de 1837 à 1839 : père, décembre 1837, 12 jours ; père et fils, janvier-février 1838, 50 et 12 jours ; père, mai-juin 1838, 49 jours ; mai-juin 1839, 49 jours ; septembre 1839, 25 jours, attestées dans les « Rôles du journal pour balayage et entretien des combles par un homme de l’administration. Certifié exact Baron ».
S
> Comme Sauzet, Pierre-Jean-Paul, ministre des Cultes de Louis Philippe (février-septembre 1836), qui fait voter la loi de financement des travaux.
> Comme Sevrant, trésorier de la Fabrique de la cathédrale.
> Comme Sorge, marchand épicier à Chartres qui livre balais de bruyère, vinaigre, charbon, savon noir, graisse…
T
> Comme Trochard, vannier à Chartres, qui fournit à Baron des paniers pour le déblaiement de matériaux du 7 juin au 23 juillet 1836.
V
> Comme Vincent (Victor), maçon, qui rejoint Piébourg le 19 juin 1836.
Abécédaire des nouvelles cloches
Nouvelles cloches inaugurées en 1840 et 1845.
> A comme Anne (1845).
> E comme Elisabeth (1845).
> F comme Fulbert (1845).
> J comme Joseph (1840).
> M comme Marie (1840).
> P comme Piat (1845).
> T comme Timbre (1520) qui avait tenu bon en 1836.
Épisode précédent et fin
► Auteure : Juliette Clément, directrice de publication de la Société archéologique d’Eure-et-Loir (SAEL 28).
► Sources et clichés : AD 28, Médiathèque l’Apostrophe de Chartres fonds BMC, fonds SAEL. Cl. MBA Chartres, fonds SAEL, J. Clément, G. Fresson, P. Trouilloud.