Recteur de la paroisse orthodoxe de Chartres et pianiste virtuose, Jean-Claude Pennetier fait en 2023 ses adieux à la scène, soixante-dix ans après son premier concert.
Jean-Claude Pennetier nous reçoit dans sa charmante maison campagnarde entourée d'un jardin sauvage, à quelques kilomètres de Chartres. Il est né en 1942 à Châtellerault d'une mère violoniste amateure et d'un père chapelier. « J'ai commencé la musique extrêmement tôt parce que ma mère voulait faire de moi un musicien », raconte celui qui pianotait sur les touches blanches et noires d'un clavier dès l'âge de 3 ans.
Entré très jeune au Conservatoire de Paris en classes de piano et musique de chambre, il en sort à l'âge de 16 ans avec un premier prix. « Mais la vie à Paris n'est pas facile pour un pianiste… à cause des voisins », dit-il en riant. Alors, en 1966, il décide de s'installer avec son épouse à Saint- Piat, près de Maintenon, dans le moulin de sa belle-mère. « Nous avons ensuite habité Chartres pendant cinq ans. Nous sommes très attachés à cette ville, où sont nés trois de mes enfants. »
Compositeur, chef d'orchestre et professeur
Auréolé de nombreux prix internationaux en tant que soliste, Jean-Claude Pennetier est régulièrement invité en France et à l'étranger à jouer avec des orchestres renommés. Il élargit bientôt sa palette en se consacrant à la composition et à la direction d'orchestre, tout en enseignant au Conservatoire de Paris, lui qui s'intéresse à tous styles de musiques, opéra, théâtre musical, musiques de chambre et contemporaine.
« J'ai donné mon premier concert à l'âge de 10 ans et je mettrai officiellement un terme à ma carrière avec un dernier concert d'adieu à Marseille en décembre, après ceux de Paris, au Théâtre des Champs-Élysées, et de Tokyo. J'avais l'habitude de jouer deux parties autour d'un compositeur, mais pour mes adieux, j'en joue trois avec mes compositeurs de chevet : Schubert, Chopin, Beethoven, Debussy… », Jean-Claude Pennetier n'en referme pas définitivement pour autant le couvercle de son clavier puisqu'il reçoit toujours des pianistes en demande de conseils.
Conversion
« Je suis sensible au fait religieux depuis l'enfance, confie-t-il. Mais à partir de 17 ans, j'ai plutôt suivi des voies spirituelles orientales, notamment à travers le yoga. » C'est un très bon ami bulgare qui lui fait connaître l'orthodoxie. « Bien que non croyant, il voulait faire baptiser sa fille dans la religion orthodoxe et souhaitait que je sois le parrain. C'était impossible puisque je n'étais pas orthodoxe. On a beaucoup parlé, puis on s'est rendu compte que sa fille avait déjà 11 ans. Nous avions assez discuté. Je suis rentré dans une église orthodoxe et je me suis dit : "ici est ma place". »
Après s'être converti, il devient chef de chœur, puis gravit les échelons jusqu'à devenir 2e prêtre de la paroisse Sainte-Geneviève et Saint-Martin à Paris. « Nous célébrions une fois par mois dans la région. C'est comme ça que nous avons tissé des liens avec la communauté (catholique à vocation œcuménique) du Chemin-Neuf, qui a mis à notre disposition le Centre œcuménique et artistique de Chartres, où nous avons créé la chapelle Saint-Silouane. »
« Axé sur ce qui réunit les gens »
La filiale de Sainte-Geneviève et Saint-Martin devient la paroisse de la Protection de la Mère-de- Dieu (patriarcat de Roumanie), « Beaucoup de Russes orthodoxes viennent en pèlerinage à la cathédrale pour le Voile. Je suis axé sur ce qui réunit les gens, pas sur ce qui les divise. Il y a un bon contact œcuménique à Chartres, ce qui n'est pas le cas dans toutes les villes. »
La chapelle devenant trop petite, le père N'Dinga et la paroisse de Lucé ont permis au père Pennetier de célébrer ses offices à Lucé et Amilly en attendant d'entrer dans ses murs. Fin juin, le recteur de la cathédrale, le père Blondeau, a en effet invité la paroisse orthodoxe à la dernière messe catholique célébrée à l'église Saint-Paul de Beaulieu avant la réaffectation de celle-ci au culte orthodoxe.
