Cathédrale de Chartres - Vue aérienne - ©Ville de Chartres

Sortir à Chartres

Sortir à Chartres

M'avez-vous vue ? 50 ans - 50 détails

L'Unesco et ses partenaires fêtent cette année les 50 ans de la Convention du patrimoine mondial. A cette occasion, la Ville de Chartres organise une opération en partenariat avec les Vitrines C'Chartres, Filibus et C'Chartres tourisme, pour mettre en valeur la cathédrale, inscrite sur la prestigieuse liste en 1979. Ils souhaitent attirer l'attention du public sur des aspects méconnus de la cathédrale et faire évoluer l'attachement qu'il lui accorde.

50 photos de détails architecturaux ou artistiques de la cathédrale seront exposées dans 50 vitrines et 50 bus de début juillet à mi-septembre.

Retrouvez ci-dessous les explications des images que vous avez retrouvées aux quatre coins de Chartres.

Il ne vous reste plus qu'à aller les retrouver sur la cathédrale de Chartres !


1 - Marie et l’enfant Jésus. Scène de l’Adoration des mages. Sculpture de la clôture du Chœur. Vers 1525.

Dans cette sculpture gracieuse, Marie a une expression souriante. Jésus est montré tel un gamin joueur, content de voir arriver les visiteurs chargés de cadeaux. Les détails (la reliure du livre, posé sur les genoux, où dépasse un marque-page ; la manche gauche de la Vierge, où l’on devine une sous-robe de tissu léger) sont d’un réalisme à couper le souffle. Le sculpteur cherche à nous ‘inviter’ à une scène très humanisée.


2. Une reine de l’Ancien Testament, probablement Bethsabée. Statue de la baie centrale du porche nord. Vers 1215.

Bénéficiant en été de rayons dorés, cette statue a depuis longtemps intrigué les historiens. On sait aujourd’hui qu’elle n’est pas une reine de France mais bien l’épouse d’un roi d’Israël. Une femme à la belle stature porte tous les habits (et accessoires) typiques de la haute noblesse de ce début du XIIIe siècle : ceinture aux passants métalliques, gants en tissu fin, coiffure au touret et à la mentonnière, cheveux aux nattes tressées.


3. Clé de voûte et arcs du rond-point. Haut chœur. Polychromie restaurée. Vers 1240.

C’est un élément structurant de la cathédrale, suspendu à 36 mètres. Il est important techniquement puisque servant de connexion à tous les arcs du rond-point ; symboliquement, puisque surplombant l’ancien autel. La restauration (vers 2010) a permis de retrouver les couleurs d’origine, qui ont été ravivées et complétées : feuille d’or pour la couronne feuillagée, fleurs de lys (Marie et la royauté). Le Christ y est sculpté – accosté d’anges.


4. La flèche sud (1er plan) et la flèche nord –  à 60 mètres de haut. Vers 1160 / 1506-1513

La flèche sud – qui est à l’époque de sa construction l’un des plus hauts édifices au monde est d’une pureté inégalable – notamment dans la transition carré-octogone. Elle est couverte d’écailles, celles-ci assurant à la fois un effet décoratif et l’étanchéité des joints entre les pierres. De l’autre côté, la flèche nord, bâtie suite à l’incendie de 1506, adopte le style flamboyant, dans une profusion de courbes / contre-courbes et de décors végétaux, à l’effet dentelé. Le contraste saisissant était déjà noté dans le Larousse du XIXe siècle.


5. Scènes de la vie active, décrivant le travail du lin, du chanvre et de la laine. A droite, figurations symboliques des béatitudes de l’âme. Statues des voussures du porche nord – baie de gauche. Vers 1215

Les voussures sont ici un hommage à Marie, modèle de travail (la vie active) et de prière (la vie contemplative). Plusieurs scènes montrent le travail des fibres (végétales et animales), préparatoire au tissage et typique de la répartition des tâches hommes-femmes du moyen-âge. En bas, elle broie les tiges du lin, pour en extraire les fils. En haut, elle peigne les filasses de chanvre.


6. Détails du drapé. Statue-colonne d’un prophète juif. Baie centrale du portail royal. Vers 1145.

Pourquoi ces sculptures restent-elles un incontournable de l’histoire de l’art universel, qui ont fasciné Rodin et continuent inspirer les artistes plasticiens ? Les plissés ont une abstraction qui fait la joie des designers. Ils tombent pourtant avec un vrai naturel, qui laisse deviner un frémissement du corps. Le portail royal de Chartres est un point d’équilibre unique entre le hiératisme de l’art roman et le réalisme de l’art gothique.


7. Visages d’Aixois ou Marseillais. Scène de la prédication de saint Maximin. Vitrail de Marie-Madeleine. Bas-côté sud de la nef. Vers 1210.

Nous aimons ces visages pleins de vie, qui n’ont chacun pas plus de 7/8 cm de haut. Les Provençaux sont ici absorbés par le discours de celui qui évangélise leur région. Les dessins sont effectués au pinceau, avec de la grisaille, un oxyde métallique ; puis la pièce de verre, couleur chair, est repassée au four pour que le dessin adhère à la face interne du verre. Comme on la voit de près, l’artiste travaille avec une économie de moyen qui tient du miracle : un point pour l’œil, un trait pour l’arcade sourcilière et le nez…


8. Transport d’un tonneau de vin. Scène des donateurs. Vitrail de saint Lubin. Bas-côté nord de la nef. Vers 1210.

Cette scène est considérée par beaucoup comme l’une des plus réussies du Moyen Âge. Le chatoiement des couleurs est favorisé par le fond rouge. Le cheval de trait montre des signes d’effort. Le charretier presse le mouvement. De nombreux détails méritent l’attention : le collier du cheval ; le sanglage du tonneau ; le montage des roues ; le sol tellement mouvementé qu’il forme des vagues.


9. Moutons de l’Annonce aux bergers. Portail royal. Sculptures du linteau de la baie droite. Calcaire fin. Vers 1145.

Le sculpteur n’a-t-il pas gardé les troupeaux quand il était encore enfant, avant de commencer son apprentissage d’artisan ? Il est rare de voir un tel sens graphique – qui sait trouver l’essentiel - doublé d’un pareil humour. Il y a dans ces moutons quelque chose du dessin animé et de la peluche du XXIe siècle.


10. Berger à la flûte de pan. Portail royal. Sculpture du linteau de la baie droite. Calcaire fin. Vers 1145.

Représenter une scène de haute portée spirituelle n’empêche pas (au contraire) d’y inclure la vie quotidienne. Avec son regard éberlué (des anges lui sont apparus !), ce berger semble avoir suspendu sa musique – à moins qu’il ne s’apprête à accompagner le ‘Gloria’ qu’ils ont entonné. Ces statues ont un véritable intérêt documentaire et ont permis la reconstitution de plusieurs instruments, parfaitement fonctionnels.


11. Marie et Elisabeth, très proches. Scène de la Visitation. Sculptures du linteau de la baie droite. Calcaire fin. Vers 1145.

Un coup de cœur absolu pour ceux qui ont pu observer ces visages de près ! Ils signent le passage des plus grands génies artistiques (anonymes) du XIIe siècle. La première impression de naïveté des regards (ce qui est le propre de l’art roman) s’efface au profit d’une étonnante intériorité – spirituelle et humaine. Par quelles émotions sont touchées ces deux femmes ? Marie, couronnée, est à droite. Les deux têtes se touchent presque, signe de connivence. Elisabeth pose la main sur l’épaule de sa cousine.


12. Siméon accueillant dans ses bras l’enfant Jésus. Scène de la Présentation au Temple. Portail royal. Sculpture du linteau supérieur de la baie droite. Calcaire fin. Vers 1145.

Ces yeux expriment une espérance sans limite. On le comprend mieux au regard de la scène qui est figurée : Siméon est un vieillard qui a attendu sa vie durant de ‘voir’ le sauveur. En cet instant, tout bascule, au point de confier qu’il peut à présent « s’en aller ». La calotte porte des décors discrets. L’inflexion de la tête est une totale réussite, renforçant la jubilation intérieure. Les pupilles, forées au trépan, devaient être originellement remplies de plomb et donner de l’éclat à ses yeux.


13. Détail de l’aile d’un lion. Figures symboliques des évangélistes entourant le Christ en gloire. Portail Royal. Tympan de la baie centrale. Vers 1145.

Les quatre animaux (homme ailé, aigle, lion ailé, taureau ailé), que l’on appelle « tétramorphe » sont plus que l’évocation respective des saints Matthieu, Jean, Marc et Luc. Ils retracent aussi le mystère du Christ – incarné, ressuscité, retiré au désert et sacrifié sur la Croix. Les animaux sont aussi les quatre points cardinaux et les quatre éléments (eau, air, feu, terre), évocateurs de toutes les dimensions spatio-temporelles. Le contraste est ici très réussi entre les touffes de poils et les plumes de l’empennage. On a trouvé dans ce tympan plusieurs traces des peintures d’origine !


14. Deux visages de prophètes juifs. Isaïe est probablement à droite. Statues colonnes de la baie centrale. Calcaire fin. Vers 1145

La force de ces visages est un vrai choc. Schématisés, dans la ligne d’un art ‘archaïque’, ils sont pourtant au bord de prendre vie. Les yeux grands ouverts ont soudainement adopté un aspect plus proche du réel, comme le montrent paupières et pommettes. A Chartres, on assiste ainsi, vers 1145, à l’un des grands virages de la sculpture, qui fait écho, de l’autre côté de la planète, au miracle d’Angkor.

Les franges des habits sont finement ornées. Quant aux cheveux (ainsi que nous l’a confié un coiffeur-star) il s’agit d’un frisé-cranté très étudié. La gestuelle est encore figée – pour peu de temps.


15. Marie offrant son sein au Christ nouveau-né. Fenêtre du clair-étage de la nef – côté sud. Vitrail. Vers 1215.

Restaurée il y a quelques années, cette verrière a réservé plusieurs surprises. Le thème, qui insiste sur la maternité de Marie, est une réponse à l’hérésie cathare. Comment opposer de façon manichéenne le divin et le matériel /charnel, si Dieu lui-même a été un enfant se nourrissant de lait maternel ? Les joyaux de la couronne sont d’énormes saphirs et rubis. Comme si le nom même de Marie était précieux, le verrier y a ajouté des raffinements décoratifs.


16. Saint Jacques portant la croix de patriarche – avec une inscription. Fenêtre du clair-étage de la nef – côté sud. Vitrail. Vers 1215.

L’équipe des restaurateurs a fait part de son (grand) plaisir à travailler sur cette fenêtre. Le visage est celui d’un apôtre ‘visionnaire’. Le tracé des cheveux est tout aussi virtuose, opposant les longues mèches du front au torsadé de la barbe. Son manteau (bleu) est constellé de coquilles saint Jacques (blanches), qui sont l’emblème du pèlerinage de Compostelle. Ce bel effet décoratif, qui permet aussi d’identifier le personnage, ‘fonctionne’ à plus de trente mètres de distance.


17. Ornementation renaissance (putti, fruits et coquilles). Claire-voie de la clôture du chœur. Pierre de Tonnerre. Vers 1525.

Vers 1523/24, les chanoines de la cathédrale, entièrement satisfaits du niveau technique des artisans recrutés pour la clôture du chœur (qui savent y produire une vraie ‘dentelle’ de pierre) émettent des réserves auprès du maître d’œuvre, Jehan Texier (dit Jean de Beauce). Désormais, pour « être à la mode », il faut sculpter à la façon des palais de Florence. Challenge réussi dès l’année suivante : le vocabulaire décoratif est devenu celui de l’Italie.


18. Petits personnages allégoriques, au-dessus du cadran astrolabique. Couronnement de la clôture du chœur. Pierre de Tonnerre. Vers 1525.

Au-dessus de l’horloge, ces petits personnages, entièrement nus, sont plus proches de l’esprit de la mythologie gréco-romaine… que de l’art chrétien. Ils surplombent l’horloge de la cathédrale, dont le mécanisme complexe (comprenant les phases de la lune, le niveau de l’écliptique et la traversée du zodiaque) remonterait au XIVe siècle.


19. Sainte Anne portant Marie. Portail nord. Statue du trumeau de la baie centrale. Vers 1210.

En 1204, la cathédrale avait reçu, suite à la prise de Constantinople, la relique du crâne de sainte Anne – relique qui, sans avoir la valeur insigne de la « chemise » de Marie qu’elle conservait déjà, ajoutait au prestige du sanctuaire de Chartres. Sainte Anne, mise à l’honneur, porte ici Marie – dont la tête a disparu lors des évènements révolutionnaires. Au centre névralgique d’un ensemble comprenant près d’un millier de sculptures, elles paraissent toutes deux l’aboutissement d’une ‘sagesse’ humaine, formée au travers de l’histoire du peuple juif.  Le visage dégage une profonde sérénité.


20. Visage de saint Jean Baptiste. Portail nord. Statue de l’ébrasement droit de la baie centrale. Vers 1210.

L’une des plus sculptures les plus ‘fortes’, a-t-on parfois écrit, de l’époque médiévale, qui ouvre une nouvelle page de l’art, au travers d’un surplus d’émotion. Jean Baptiste est-il pétri de faiblesse, ascète se nourrissant de miel sauvage et de sauterelle : son visage est émacié. Est-il empreint d’une humilité totale, s’effaçant pour ‘laisser place’ au Christ : sa tête s’incline.

Des photographes ont remarqué, au début du XXe siècle que cette statue n’était éclairée directement que quelques jours dans l’année – fin juin, autour de la fête de saint Jean Baptiste.


21. Motifs rubanés. En arrière fond, motifs de rinceaux. Colonnettes du portail royal. Calcaire fin. Vers 1145.

Les décors des colonnes qui portent les statues utilisent de beaux motifs géométriques, que l’on trouve aussi dans les manuscrits enluminés. Le rapport ne s’arrête pas là : quand le portail était peint, les rubans avaient deux faces de couleurs contrastées (peut-être bleu et rouge) se détachant sur un fond or. Imaginez l’effet créé par la répétition des pliures !


22. Supports de colonnes. Portail royal. Calcaire fin. Vers 1145.

On appelle stylobate la partie inférieure d’un portail. Les décors, d’après de nouvelles analyses, semblent correspondre aux ‘trônes’ que l’on trouve dans l’art roman et byzantin. Ces reliefs, qui prennent idéalement la lumière, pour le plus grand plaisir des photographes, porteraient ainsi l’ensemble des sculptures sur un piédestal honorifique.


23. Cadran du pavillon de l’horloge, au pied du clocher nord. Pierre et polychromie d’époque. 1519-1520.

Pendant deux siècles, les horloges urbaines comportaient vingt-quatre heures, numérotées (deux fois) depuis un jusqu’à douze. Le centre du cadran imite les rayons du soleil, sur fond d’étoiles. Autrefois une tringle métallique, remontant de l’horloge vers le timbre de la cathédrale, permettait d’actionner le marteau. Installé à la même époque, le timbre rythme depuis la vie des habitants – autant de coups que d’heures ainsi qu’un coup chaque demi-heure. Calculez : combien de fois depuis le 25 mars 1521 ?


24. Chèvre divagante, en train de manger des feuilles d’arbres. Scène symbolique de l’élevage, activité d’Abel. Bases avancées du porche nord – baie de droite. Calcaire fin. Vers 1215.

Plus loin, on trouve d’autres activités : le travail de la terre avec Cain, la forge de Tubalcain, la musique de Jubal, la peinture ou l’architecture… Au premier plan, deux moutons, aux toisons bouclées, mangent de l’herbe. La chèvre est davantage intéressée par les feuilles d’un arbuste au tronc spiralé, sur lequel elle commence à grimper. On s’y croirait…


25. Isaac regardant avec attention son père Abraham. Statue de l’ébrasement gauche de la baie centrale. Vers 1215.

Cette scène est bien la préparation d’un sacrifice – un égorgement, ce qui rend d’autant plus troublant le regard confiant de l’enfant, qui croise ses mains dans un geste de soumission, rappelant symboliquement le sacrifice du Christ. Finalement, l’ange de Dieu arrête la main d’Abraham, entraînant le basculement majeur des consciences qui conduit des sacrifices humains à ceux d’animaux. Cette scène peut encore se lire comme un appel au respect inconditionnel de la vie.


26. Elisée s’accroche au char – dont les roues sont enflammées - qui conduit Elie en direction du ciel. Portail nord. Socle d’une statue isolée de la baie centrale – côté droit. Pierre avec restes de peinture noire. Vers 1215.

Le char est un ‘ascenseur’ symbolique entre la sphère terrestre et le milieu céleste – celui de Dieu. Tout y est réussi, traduisant un vif mouvement : les moyeux, le feu qui embrase le pourtour des roues, le regard éperdu du prophète, les boucles des cheveux, les plis du manteau. La restauration des années 2000 a permis de redécouvrir la trace de plusieurs lettres sur une banderole (Elisaias).


27. Contre plongée sur les voûtes du double déambulatoire. Enduits d’origine, restaurés. Architecture intérieure. Vers 1215.

La redécouverte progressive des enduits d’origine, conservés à près de 80%, est l’un des chocs des années 2008-2022. Les murs sont couverts d’un sable ocre – évoquant l’or de la cité céleste. Les voûtes font apparaître de ‘faux-joints’ blancs, évoquant une maçonnerie idéale, où les individus seraient autant de pierres symboliques, ‘liés par la paix et l’amour’. Les éléments porteurs (colonnes, arcs) sont surlignés en blanc, laissant voir l’ossature légère de l’édifice.


28. Construction d’une église en l’honneur de saint Jacques, montrant plusieurs activités des maçons. Vitrail de Charlemagne. Déambulatoire nord. Vers 1220.

Au sommet d’une tour, l’un des ouvriers pose une pierre. Plus loin, l’un de ses confrères, coiffé d’un bonnet, vérifie l’horizontalité des assises de pierre. Deux manœuvres, empruntant une passerelle d’accès aux échafaudages, portent un lourd bloc de pierre sur un brancard à bras. Des arcs boutants sont figurés, signe amusant que les maçons sont intervenus auprès de leur collègues verriers pour représenter des techniques ‘innovantes’.


29. Grand comble de la nef. Structure porteuse en fonte et fer. Couverture en plaques de cuivre. 1836-1841.

Les charpentes de la cathédrale sont touchées en 1836 par un terrible incendie, très ressemblant à celui qui a touché récemment Notre-Dame de Paris. La structure de remplacement, plus légère que le dispositif de départ, est imaginée par l’ingénieur Emile Martin et financée sur des crédits votés par l’Assemblée, au lendemain du sinistre. Elle laisse place à un grand vide intérieur, qui a l’allure futuriste d’un zeppelin. 50 ans avant la Tour Eiffel !


30. Le gros bourdon de la cathédrale. Flèche nord. Bronze. 1840.

Plus de 6 tonnes pour la cloche la plus importante de la sonnerie, qui émet un sol 2. Mise en mouvement pour les seules fêtes essentielles de l’année (Pâques, Noël, Pentecôte, Assomption), elle est baptisée Marie, en hommage à la patronne des lieux. Par vent nul, on l’entend jusqu’à 9 kilomètres du centre-ville.


31. Vêtement d’apparat et encensoir d’un ange de très grande dimension, situé à gauche de la Vierge en Majesté. Vitrail du haut chœur. Vers 1215.

Les dimensions de cet ange sont réellement spectaculaires – 5,70 mètres entres les pieds et les pointes des ailes. Les bandes colorées tranchent sur l’aube blanche et le manteau rouge, ajoutant à la préciosité et donc à la solennité. L’encensoir, suspendu par des chaînes, est décrit de façon détaillée : ressemblant aux réels objets d’orfèvrerie, il prend la forme d’une église miniature.


32. Moise regardant le buisson ardent, ou apparaît la figure du Christ. Vitrail du haut chœur. Vers 1215.

Le visage de Moïse est un modèle du genre, qui mérite d’être vu de près. On a représenté le prophète avec une longue barbe et des mèches spiralées, stupéfait par ce qu’il découvre. Des cornes lui sont ajoutées – étonnante caractéristique due à une erreur de traduction de la bible hébraïque, qui parlait de rayons émanant de sa tête.

Le rouge du buisson, qui mêle feuilles tréflées (brûlantes) et flammes actives, tranche avec le fond. La figure de Dieu, dominant, fait un geste de bénédiction. Il porte un nimbe marqué d’une croix et bordé de perles.


33. Visage d'un grand séraphin, situé à gauche de la Vierge en Majesté. Vitrail du haut chœur. Vers 1215.

Didier Aliou, restaurateur du vitrail avait fait part de son émerveillement quand il travaillait sur cette verrière, qui lui paraissait l’une des plus géniales du XIIIe siècle. Le regard dispose d’une force singulière de ‘percussion’. Les boucles des cheveux répondent au foulard noué autour du cou. Les ailes inférieures sont constellées d’yeux, signifiant l’omniscience des choses. Quant aux ailes supérieures, elles viennent se replier autour de l’auréole rouge – ne laissant apparaître qu’un étroit filet aux couleurs du ciel (bleu). Tout pour renforcer l’aspect hypnotique…


34. Les ondulations colorées de l’eau, les jambes apparaissant en transparence. Scène du baptême du Christ. Vitrail du haut chœur. Vers 1215.

Aux yeux d’un verrier du XIIIe siècle, le plus important n’est pas le réalisme avec lequel on décrirait les éléments naturels, mais leur rendu visuel. La belle alternance colorée des vaguelettes (bleu, vert, rosé) laisse deviner en leur partie centrale la teinte de la chair. Le mouvement de l’eau est souligné par les traits peints en grisaille, autre réussite graphique.


35. Abraham, Moïse et Aaron, dans la scénographie de Chartres en Lumières. Portail nord. Statues de l’ébrasement gauche de la baie centrale. Vers 1210.

Les lumières projetées sur le portail nord durant la saison printemps-été évoquent l’apparence d’origine des portails – quand ils étaient entièrement peints. Les couleurs choisies étaient vives – rouge, bleu, vert. S’y ajoutaient des rehauts à la feuille d’or. Il faut aussi imaginer les visages avec des ajouts en noir (barbes, cheveux, sourcils, pupilles de yeux) ce qui devait leur procurer un aspect terriblement réaliste.


36. Regards intenses échangés entre Marie (gauche) et Elisabeth (droite). Statues de la Visitation. Portail nord. Baie gauche. Vers 1215.

Ces sculptures sont un tournant dans l’histoire de l’art. Auparavant, chacune vivait ‘sa propre vie’, regard fixé au loin, avec une expression qui restait mystérieuse. Ici, les deux cousines, qui sont enceintes et viennent de se retrouver, au terme du voyage de Marie, se tournent franchement l’une vers l’autre. Les yeux dans les yeux, elles laissent deviner une joie contenue. Le sculpteur va encore plus loin : connaissant la différence d’âge entre Marie (environ 16 ans) et Elisabeth (qui n’espérait plus avoir d’enfant, ainsi que dit l’évangile), il donne à la seconde quelques fines rides.


37. Vue sur le chevet depuis une tour latérale du chœur. Architecture extérieure. Vers 1220.

Le point de vue du photographe est très original. Il est monté dans une tour inaccessible au public et se tourne vers le vaisseau principal. La disposition en éventail de l’abside rappelle la tête du Christ, dont émane une aura circulaire. Les tours, au nombre de huit, encadrent chacun des bras de la croix : elles sont une évocation des tours longeant les remparts de la Jérusalem Céleste, cité décrite dans les dernières pages de la Bible.


38. Chien au collier. Socle de la statue d’une femme – probablement la sybille. Portail nord. Baie de droite. Vers 1215.

On a mis longtemps à comprendre cette sculpture : ce chien est probablement l’évocation du monde gréco-romain, installé sous la seule statue du portail qui n’apparaît pas dans la Bible hébraïque. Quel sentiment de vie se dégage de ce sympathique animal, dont les visiteurs nous disent qu’il leur rappelle leur labrador ! Il semble se reposer – couché, tête tournée. Même l’attache du collier est réaliste : ce modèle est encore disponible en 2022.


39. La femme de Putiphar, très attentive aux suggestions du démon. Portail nord. Baie de droite. Vers 1215.

C’est le diable qui suggère à l’épouse du premier ministre de pharaon l’idée de séduire Joseph, devenu esclave en Egypte, puis de dénoncer faussement une agression du jeune homme.  On devine ici, symboliquement, toute la perversité du raisonnement. Le dragon s’entortille, à la façon de raisonnements circulaires qui cherchent à ‘embrouiller’ l’interlocuteur. Il décroche le cou, signe évident de ce qui n’est pas avancé ‘franchement’. Une perle de psychologie…


40. Les animaux qui s’apprêtent à monter dans l’arche de Noé (lions, éléphants, dromadaires, loups, renards). Vitrail de Noé. Première fenêtre du bas-côté nord de la nef. Vers 1205.

Tout le monde connait cette page de la Bible, dans laquelle Dieu commande au patriarche de sauver un couple de chaque animal, pour les sauver au cours du Déluge qu’il a préparé. Si certains animaux sont connus du dessinateur, les choses se compliquent avec les espèces exotiques. Les lions tiennent autant d’une créature fantastique que du seigneur de la jungle. L’éléphant, qui passe au rose (sans effet de l’alcool), possède bien ses défenses mais nous offre de minuscules oreilles. La ceinture est une allusion à l’Howdah, le palanquin dorsal qui sert en Asie au transport des personnes.


41. Saint Lubin observe un moine qui lui écrit l’alphabet. Vitrail de saint Lubin. Deuxième fenêtre du bas-côté nord de la nef. Vers 1210.

Cette scène est une déclaration affectueuse envers l’enseignement. Le moine, à l’air concentré, trace les premières lettres à destination de son élève, qui redouble d’attention. Nul doute qu’il écrit sur une tablette de cire, à l’aide d’un stylet métallique : à une époque où le support parchemin vaut une fortune, on peut effacer ce que l’on inscrit – comme sur une ardoise magique. Pour éviter un apprentissage trop mécanique, on fait disparaitre une lettre, que l’enfant doit retrouver, ainsi que le mot exemple : C comme Caritas – Charité.


42. Détail de l’âne portant saint Lubin, devenu évêque et visitant son diocèse. Vitrail de saint Lubin. Deuxième fenêtre du bas-côté nord de la nef. Vers 1210.

Comment ne pas sourire, devant cet âne, au pas volontaire et qui montre au spectateur ses oreilles démesurément longues. Un message politique se cache derrière cette physionomie souriante. Les chanoines de la cathédrale ‘scénaristes’ des vitraux, montrent l’ancien prélat (celui du VIe siècle) choisissant la monture la plus humble qui soit.  A leur époque, l’évêque Renaud de Mousson, riche cousin du roi et de tous les princes territoriaux, dispose des plus beaux destriers de Chartres…


43. Le savant Pythagore, absorbé par son travail. Portail royal. Sculpture des voussures de la baie de droite. Calcaire fin. Vers 1145.

Plongé dans ses réflexions, le grand savant grec respire l’intelligence. Le réalisme du visage, le plissé du front, les ridules des paupières sont des détails rarissimes dans l’art roman. Le sculpteur prend peut-être pour modèle l’un des grands philosophes chartrains de sa génération : Guillaume de Conches ou Gilbert de la Porrée. Pythagore n’est pas ‘sélectionné’ ici pour son importante œuvre mathématique (dont le fameux théorème) mais pour le traité qu’il avait rédigé au sujet de la… musique.


44. Les apôtres péchant au lac de Tibériade. Pierre, André et le Christ. Vitrail des apôtres. Déambulatoire, position axiale. Vers 1220.

Ce panneau est dû à l’un des meilleurs maîtres verriers de son époque. Il use avec brio des contrastes entre couleurs : les vagues (et les poissons) se déclinent en vert, rose et bleu. Au premier plan, les touffes d’herbes, sur le rivage (où l’on devine pics et trèfles) alternent bleu et jaune. Sur la frange supérieure, les nuages retrouvent le blanc, qui est aussi la couleur du filet de pêche. Le bateau, dont les cordes d’amarrage ont été enroulées sur la fourche arrière, a des bordées rivetées de métal. Le visage de saint Pierre, front bouclé, se reconnaît entre tous : il se tourne, mains jointes, vers Jésus.


45. Le Christ appelant Nathanaël sous le figuier. Vitrail des apôtres. Déambulatoire, position axiale. Vers 1220.

Cette belle scène, issue de l’évangile, insiste sur deux faits : le lieu de la rencontre ; le regard échangé. On notera l’ultra-réalisme du figuier, au tronc tortueux et qui comprend des fruits déjà mûrs (appétissants), tandis que d’autres encore verts. Une touche de Méditerranée… De part et d’autre, la direction des visages (ainsi que la gestuelle) transcrit l’interpellation forte du Christ :  les yeux dans les yeux.


46. Visage du roi Salomon. Portail nord. Statue d’ébrasement – baie de droite. Pierre calcaire et restes de polychromie. Vers 1215.

Les sculptures des baies latérales nord gagnent encore en réalisme. Les logiciels de reconnaissance faciale permettent de trouver les personnalités les plus ressemblantes au modèle du XIIIe siècle – ici l’acteur Georges Clooney. Le visage comporte d’importants restes de polychromie noire : cheveux, barbes et sourcils. On notera aussi les détails de la couronne, ressemblant à celle des souverains du XIIIe siècle.


47. Apôtres de la glorification du Christ. Portail royal. Linteau de la baie centrale. Calcaire fin. Vers 1145.

Regroupés par trois, ces sculptures d’une grande finesse, mettent en scène le cortège des douze apôtres. Tous portent des livres ou phylactères, symboliques de le Bible. On notera l’étonnante variété dans le traitement des mèches, ainsi que les orfèvreries qui ornent les bordures des vêtements. La colonne torsadée et les décors floraux des arcades imitent exactement la disposition des sarcophages en marbre de l’époque romaine (IVe siècle). Peut-être celui aujourd’hui conservé dans l’église de Saint-Piat a-t-il ici servi de modèle.


48. Un boulanger pétrissant la pâte. Panneau des donateurs artisans. Vitrail des apôtres. Déambulatoire, position axiale. Vers 1220.

La description est faite avec une exactitude, qui fait sourire l’artisan boulanger d’aujourd’hui. Dans un large pétrin doré, l’homme malaxe la pâte. Les manches relevées sont nouées derrière les épaules. En raison de la farine qui vole partout dans la pièce, il a serré autour de ses cheveux une pièce de tissu. Suspendu à la tringle, en arrière de l’atelier, ce sont les sacs vides que l’on retrouve. Un jeune apprenti apporte de l’eau chaude, à ajouter dans le pétrin. La présence d’un visage dans la pâte (le premier homme ? le Christ ?) donne au travail une dimension mystique.


49. Un cordonnier, montrant une semelle. Panneau des donateurs artisans. Vitrail de saint Martin. Déambulatoire sud. Vers 1220.

On a aimé ce visage souriant de l’artisan, qui semble amoureux du travail « bien fait ». En quelques traits de pinceau (la grisaille), le verrier parvient à lui donner vie. Membre de la corporation qui a offert la verrière, il montre probablement l’une des premières étapes de la confection des chaussures. Il a revêtu un grand tablier, pour se protéger. Dans sa main droite, un grand outil sert à ‘former’ le cuir.


50. Marchands drapiers et client. Panneau des donateurs artisans. Vitrail de Saint Jacques. Déambulatoire nord. Vers 1220.

La discussion semble s’animer entre le commerçant (au centre) et son client. Peut-être marchande-t-on le prix, ou discute-t-on de la qualité de l’étoffe ? Celle-ci, originale, présente des bandes rouges sur fond vert. Le client tâte le tissu, pour en apprécier l’épaisseur et le moelleux. Un assistant est aussi présent, avec une tenue – semble-t-il caractéristique des valets, qui adopte les mêmes couleurs contrastées : rouge (moitié gauche) et vert (moitié droite). Le jeune homme a glissé un instant son gant dans une fine ceinture. Avec une aune rigide, il mesure les dimensions précises de la pièce.

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